Cancer de la prostate : faciliter le retour au travail après la maladie

Par Mélina Nantel

25 février 2025

Photo : Chinnapong/Shutterstock.com

Le cancer de la prostate est la forme de cancer la plus répandue chez les hommes. Toutefois, peu d’entre eux abordent ouvertement le sujet. En milieu de travail, en parler n’est pas toujours facile, et les tabous persistent. Certaines barrières – physiques, psychologiques ou sociales – peuvent également complexifier la réintégration professionnelle. Bien que chaque cas soit unique, les employeurs ainsi que les employés peuvent adopter certaines pratiques pour faciliter le retour au travail. Ann-Marie Romanin, directrice, services aux patients et relations médicales chez PROCURE, un organisme de bienfaisance entièrement consacré à la lutte contre le cancer de la prostate, fait part de quelques-unes de ces pistes d’action.

Durant ou après les traitements pour un cancer de la prostate, la réintégration professionnelle peut poser plusieurs défis. Fatigue, douleur et incontinence peuvent affecter la capacité à travailler, la qualité de vie et la productivité. « À la suite d’une prostatectomie radicale, un homme exerçant un emploi physique pourrait éprouver des fuites urinaires dans les mois qui suivent son retour au travail », explique Ann-Marie Romanin. Au-delà des effets physiques, il y a aussi les conséquences psychologiques. Certains hommes éprouvent une baisse d’estime de soi, et la crainte de la récidive peut rendre la vie – et donc le travail – plus stressante. « Parfois, la concentration peut être plus difficile à cause de l’incertitude et de la peur de l’inconnu, poursuit Mme Romanin. Les préoccupations liées à la maladie, les rendez-vous de suivi… Tout cela peut générer énormément de stress. »

Au fil des ans, PROCURE a constaté que les hommes ne demandent pas beaucoup d’aide en lien avec leur santé. « En général, ils ne veulent pas paraître “faibles” ou “diminués” », observe Ann-Marie Romanin. Cette situation est d’autant plus présente dans les milieux de travail à prédominance masculine, où l’image de l’homme « fort » et prêt à aider tout le monde est très ancrée. Dans un environnement de travail où il y a une réticence à parler des problèmes, les besoins particuliers ne peuvent pas être adéquatement reconnus et réglés, selon l’experte.

« Bien que le cancer de la prostate puisse parfois entraîner un sentiment d’isolement chez ceux qui en sont atteints, leur retour au travail représente un effort collaboratif qui peut aider à rompre cet isolement. »

– Ann-Marie Romanin, directrice, services aux patients et relations médicales chez PROCURE

Un retour progressif

Il n’existe pas de recette magique pour permettre une réintégration professionnelle en douceur. Chaque personne est unique et vit différemment un diagnostic de cancer. Toutefois, la pratique à privilégier repose sur un élément clé : la communication ouverte. « Le mieux que l’employeur puisse faire, c’est de préparer le retour au travail avec l’employé, de se montrer à l’écoute et ouvert et de poser des questions pour bien comprendre ses besoins et préoccupations, affirme Mme Romanin. Cette ouverture peut se traduire, par exemple, par l’offre d’un horaire flexible. En effet, il est possible que le travailleur doive s’absenter fréquemment pour des rendez-vous de suivi ou encore pour cause de fatigue ou d’imprévus. » En posant des questions orientées vers les besoins de son employé, l’organisation s’assure d’une adaptation optimale. « Comment pouvons-nous t’accompagner lors de ton retour? » et « Qu’est-ce qu’on pourrait ajuster dans ton milieu de travail? » sont de bonnes questions à poser pour identifier adéquatement les besoins de la personne concernée.

Toutefois, le point doit être fait régulièrement avec le travailleur afin de suivre son évolution. « Ce dont un employé a besoin le premier jour de son retour au travail et après un mois peut différer », précise Ann-Marie Romanin. La discussion peut aussi inclure la possibilité d’envisager un retour progressif, où le travailleur réintégrerait ses fonctions étape par étape, à raison de quelques jours par semaine. Ses responsabilités pourraient aussi être revues selon ses capacités et sa volonté. De cette manière, le milieu de travail appuie le travailleur dans la reconstruction de son endurance et de sa confiance.

Pour aider l’employé, l’employeur peut offrir, lorsque cela est possible, le télétravail ou des pauses régulières. Il peut aussi ajuster le poste du travailleur, par exemple en facilitant son accès aux toilettes ou en réorganisant ses tâches pour réduire ses efforts physiques.

Un effort partagé

Le cancer de la prostate est encore tabou dans bien des milieux. Un rôle clé que peut jouer l’employeur consiste à sensibiliser son équipe, notamment à l’importance de prendre soin de sa santé et de voir un ou une médecin dès l’âge de 50 ans pour discuter de dépistage du cancer de la prostate. De plus, des ateliers-conférences sur l’heure du dîner et des formations offertes par les ressources humaines peuvent aider à sensibiliser le personnel à cet enjeu.

En plus de certaines adaptations physiques en milieu de travail, il est possible que l’employé ait besoin d’un soutien émotionnel et psychologique. Certains hommes ressentent de l’anxiété et une baisse de l’estime de soi. Pour beaucoup d’entre eux, c’est leur identité masculine qui est affectée, et cela peut avoir des répercussions sur leur niveau de confiance au travail. L’employeur peut alors faire appel à des ressources externes, notamment à travers les programmes d’aide aux employés ou les compagnies d’assurance. « On va alors recommander la consultation de professionnels complémentaires tels que des psychologues, des physiothérapeutes spécialisés et des sexologues », explique Ann-Marie Romanin.

Et en ce qui concerne les collègues qui souhaitent aider? « Restez dans le moment présent, leur conseille Ann-Marie Romanin. Quand tu as le cancer de la prostate, dépendamment du stade où tu en es, tu n’as pas forcément envie de parler de ce qui va arriver dans deux, trois ou six mois. Ça peut être anxiogène. » La spécialiste propose donc de privilégier des questions simples et actuelles, comme « Comment ça va, aujourd’hui? Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour t’aider? ». Bien que le cancer de la prostate puisse parfois entraîner un sentiment d’isolement chez ceux qui en sont atteints, leur retour au travail représente un effort collaboratif qui peut aider à rompre cet isolement.

Bon à savoir

  • Chaque jour, 19 Québécois reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate.
  • PROCURE offre des conférences gratuites en milieu de travail pour lever les tabous et sensibiliser les gens au cancer de la prostate. Une ligne de soutien gratuite, disponible 7 jours sur 7, est aussi accessible pour toute personne qui souhaite s’informer, demander de l’aide ou simplement discuter.

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