Carrefour du savoir : un site Web pour faciliter le retour au travail
Par Maura Tomi
28 octobre 2025
Illustration : Hind Bouharra
Douleurs chroniques, détresse psychologique, arrêts de travail répétés : les problèmes de santé pèsent lourd sur le quotidien du personnel des milieux de travail.
L’incapacité prolongée liée aux troubles musculosquelettiques et aux troubles mentaux courants peut entraîner non seulement des coûts importants pour la société, mais aussi des difficultés pour les personnes atteintes.
Dans ce contexte, un nouveau repère s’impose : le site Web de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), intitulé « L’incapacité et le retour au travail ». Ce site s’adresse à toutes les personnes que concerne, de près ou de loin, les enjeux du retour en emploi, notamment les employeurs, les responsables des ressources humaines, les professionnelles et professionnels de la réadaptation, les assureurs, etc. Préparé par une équipe de scientifiques et de représentants et représentantes de ces différents groupes, il offre une source d’information fiable et structurée pour favoriser l’adoption des meilleures pratiques en matière de prévention et de réintégration professionnelle.
Les problèmes de santé visés
Les problèmes de santé pris en compte sont susceptibles d’être associés au travail, soit des troubles musculosquelettiques, tels que les lombalgies, les cervicalgies, les douleurs articulaires, les tendinites (tendinite de la coiffe des rotateurs à l’épaule, épicondylite…) et le syndrome du canal carpien. Ils couvrent aussi les troubles mentaux courants, notamment les troubles anxieux et dépressifs liés aux traumatismes et au stress.
Une démarche en six étapes, pratique et facile à retenir
À ce jour, au Québec, le processus du retour au travail des travailleuses et travailleurs ayant un trouble musculosquelettique ou un trouble mental courant se décline en six étapes :
- Arrêt de travail et période de récupération
- Première communication du milieu de travail avec la personne atteinte
- Il peut s’agir de son employeur, de sa supérieure ou de son supérieur, ou encore d’un ou d’un membre des ressources humaines qui établit un contact rapide avec elle. Cet échange vise à éviter l’isolement, ainsi qu’à clarifier le rôle de chacun et chacune pour préparer la suite.
- Évaluation des capacités de la personne en arrêt de travail et des exigences de son emploi
- Cette étape consiste à identifier les obstacles et les facteurs favorables à son rétablissement et à son retour au travail. Elle consiste à analyser ses capacités actuelles (physiques, psychologiques) relativement aux exigences de son poste.
- Élaboration d’une solution de retour en emploi comportant des mesures d’aménagement du travail
- Après l’évaluation vient la planification : comment adapter le poste, quels aménagements envisager ? Cela consiste à envisager des modifications temporaires ou permanentes d’un ou plusieurs aspects de son emploi, ou de son environnement de travail, pour atténuer l’écart entre la diminution des capacités de la personne et les demandes inhérentes à sa tâche. Ces aménagements favorisent un retour au travail sain et durable. La personne elle-même, son employeur, sa supérieure ou son supérieur, et parfois d’autres intervenantes ou intervenants, définissent ensemble la solution.
- Reprise du travail (jour 1)
- Bien que courte (un jour), cette étape doit être préparée en amont pour veiller à ce que cette journée, éventuellement chargée d’appréhension ou d’anxiété pour la travailleuse ou le travailleur, soit une réussite. Le soutien de toutes les personnes impliquées, ressources humaines, superviseure ou superviseur et collègues, s’avère essentielle.
- Suivi du retour au travail (dans les semaines suivantes)
- Ce suivi important vise à consolider le retour en emploi de la personne, à anticiper les obstacles ou à revoir les aménagements et à les adapter à son poste s’il y a lieu. Un retour réussi n’est pas nécessairement rapide, mais plutôt bien accompagné.
Un contenu pratique
Le site met en lumière les stratégies et outils nécessaires pour favoriser et soutenir le retour au travail. Bien qu’il n’aborde pas les interventions médicales ou assurantielles spécifiques, car il est conçu selon la perspective des milieux de travail, son contenu est particulièrement pertinent pour les professionnelles et professionnels appelés à interagir avec les membres d’une organisation dans un contexte de retour au travail.
« Le site est plus qu’une boîte à outils : c’est un véritable carrefour pour structurer le retour au travail, depuis l’arrêt jusqu’au suivi ultérieur, explique Christian Larivière, le chercheur ayant entrepris et coordonné la partie scientifique de la création du site avec le soutien de huit autres chercheurs québécois chevronnés dans ce domaine. C’est une belle ressource permettant de découvrir concrètement comment mieux se préparer, soutenir ou piloter une telle démarche. Nous avons proposé des fiches et des guides concrets. La démarche en six étapes met l’accent sur la coordination : plusieurs acteurs interviennent (travailleuse et travailleur, supérieure et supérieur, professionnelles et professionnels de la santé, assureurs) et la communication est un élément clé. De plus, nous y trouvons des recommandations pour structurer des politiques et procédures en milieu de travail, un thème souvent abstrait, mais bien illustré ici. Ultimement, le site sur l’incapacité au travail met l’accent sur un retour durable, pas uniquement rapide, car l’objectif est non pas seulement de retourner la personne au travail, mais de le faire avec succès et de manière durable pour sa propre santé. »
Public cible du site
L’information proposée a été spécifiquement conçue à l’intention des personnes impliquées dans la gestion du retour au travail, notamment :
- Les milieux de travail : employeurs, supérieures et supérieurs immédiats, syndicats, comités de SST, coordonnateurs et coordonnatrices du retour au travail et ressources humaines ;
- Les professionnels et professionnelles de la réadaptation : ergothérapeutes, ergonomes, conseillers et conseillères d’orientation, psychologues et psychiatres, médecins, infirmiers et infirmières, physiothérapeutes et technologues en physiothérapie ;
- Les assureurs : agents et agentes d’indemnisation, conseillers et conseillères en réadaptation.
Conclusion
L’absence prolongée du travail ne touche pas uniquement la personne concernée. Elle représente également un enjeu pour l’équipe, pour l’organisation et pour la société. Le retour en emploi mérite une vraie réflexion, des actions coordonnées et une démarche bien pensée.
Si vous travaillez en entreprise, êtes une professionnelle ou un professionnel de la santé ou de la réadaptation, ou encore si vous intervenez à titre d’assureur, ajoutez le site L’Incapacité et le retour au travail à vos favoris. Il peut devenir une ressource centrale dans votre boîte à outils pour favoriser un retour au travail sain et durable.
