Détonation intempestive d’explosifs : l’incident de la mine laRonde expliqué

Par Gabrielle Fallu

19 mai 2025

Photo : Mathieu Dupuis

En 2019, un accident évité de justesse survenu à la mine LaRonde, située à Rouyn-Noranda, a incité la mine à revoir ses pratiques. Cet événement a, bien sûr, mis en lumière l’importance des mesures de prévention à prendre, en lien avec la santé et la sécurité du travail. Christian Goulet, directeur général du complexe LaRonde, nous a parlé des causes et des conséquences de celui-ci.

Le jour de l’incident, en fin d’après-midi, les gestionnaires de la mine ont constaté une coupure de courant dans le bas de la mine, à 2,6 km sous terre. Cette coupure semblait avoir été causée par un transformateur électrique au niveau 262. Au même instant, les travailleuses et les travailleurs ont entendu des détonations, qui ont aussi été captées par le système sismique. Christian Goulet explique qu’elles ont été ressenties en surface et un peu partout dans la mine. Au loin, elles ont été perçues comme étant petites, nombreuses et rapprochées, comme du maïs soufflé explosant au micro-ondes. Bien sûr, ces détonations ont été entendues par des travailleuses et des travailleurs qui, préoccupés, se sont empressés de contacter la salle de contrôle. En effet, certains d’entre eux affirmaient avoir entendu des détonations, tandis que d’autres ont cru à un événement sismique. Comme on suspectait une détonation d’explosifs (volée de développement), un appel d’évacuation a été lancé et les travailleuses et les travailleurs sont immédiatement sortis de la mine. Il faut toutefois mentionner qu’à ce moment, plusieurs d’entre eux avaient déjà quitté les lieux, puisque c’était la fin du quart.

Heureusement, cet incident n’a fait aucun blessé, car le personnel avait déjà quitté les niveaux où les volées de développement avaient été chargées. « L’événement est vraiment arrivé au bon moment, affirme M. Goulet. Bien sûr, la CNESST a été avisée dès que l’incident est survenu. »

La recherche des causes

En début de soirée, le jour de l’incident, les services techniques et les responsables des opérations ont exploré la mine afin d’identifier la cause des détonations. Ils ont remarqué que six des sept volées de développement ayant été chargées dans la journée avaient détonné. Ils ont alors pu confirmer que les détonations entendues avaient bel et bien été causées par ces explosifs. Comme l’incident est survenu en fin de quart, les volées de développement étaient toutes armées, et un courant électrique semblait avoir alimenté la ligne de tir. M. Goulet explique que la volée qui n’a pas été activée a probablement eu un problème de branchement, sinon elle aurait détonné avec les autres. « Ça arrive à l’occasion que les lignes soient mal branchées, ce qui fait en sorte que certaines volées ne détonnent pas », ajoute-t-il.

Les recherches visaient donc à trouver ce qui pouvait avoir alimenté la ligne de tir. Une hypothèse semblait très plausible, soit celle d’un problème de courant vagabond sur le transformateur 262. En raison de la complexité du problème suspecté, l’enquête en lien avec cet incident a été confiée à une firme externe. Son rapport indique que les volées ont été initiées lorsqu’il y a eu une coupure de courant sur une ligne d’alimentation de 25 kilovolts (kV) qui desservait l’unité de climatisation du niveau 262 de la mine.

Les lignes de dynamitage et les câbles de mise à la terre présents dans la mine possédaient une protection, mais celle-ci ne fonctionnait que pour les courants induits allant jusqu’à 600 volts. Toutefois, en cas de bris, la ligne d’alimentation de 25 kV peut générer des fautes (transfert de courant) sur les câbles de mises à la terre allant jusqu’à 3 000 volts; les systèmes en place étaient donc insuffisants pour protéger la ligne de tir. Par ailleurs, l’enquête a permis de mettre en lumière que les travaux de rétablissement en cours non loin du transformateur du niveau 262 avaient probablement amplifié le risque de courant vagabond. En effet, afin de réparer le support de terrain, les câbles électriques, les câbles de communication et la ligne de tir se trouvaient tous du même côté de la galerie. « C’est donc un échange de courant entre le câble de mise à la terre et la ligne à dynamiter qui a fait détonner les volées sous le niveau 262 de la mine », explique M. Goulet.

Une question de voltage

« La majorité des mines n’utilisent pas de 25 kV, ajoute M. Goulet. Ce n’est que dernièrement que certaines mines ont commencé à utiliser de plus hauts voltages sous terre afin de répondre aux nouveaux défis, dont la climatisation. » En effet, un nombre de kilovolts aussi élevé peut entraîner des courants vagabonds supérieurs à ce qu’on voit habituellement, ce qui peut causer des incidents comme celui ayant eu lieu à la mine LaRonde. Il importe toutefois de préciser que, selon ce qu’explique M. Goulet, la mine LaRonde suivait alors la réglementation mise en place, qui stipule entre autres qu’il faut que la ligne de dynamitage soit en position de boucle. M. Goulet explique toutefois qu’en formant une boucle complète, la détonation des volées s’en trouvait facilitée…

Des actions concrètes

Après l’incident, les gestionnaires de la mine ont interdit le dynamitage des volées à partir de détonateurs électriques et ont ordonné l’utilisation unique des détonateurs électroniques. Les détonateurs électroniques sont activés par un signal binaire de communication, ce qui les rend bien plus sécuritaires que les détonateurs électriques, qui ont besoin d’une source de courant (il est toutefois à noter que les détonateurs électroniques ont aussi besoin d’une source de courant comme une batterie).

« Certaines travailleuses et travailleurs affirmaient avoir entendu des détonations, tandis que d’autres ont cru à un événement sismique. »

Le rapport d’enquête conseillait d’ailleurs aux gestionnaires d’éliminer les lignes de sautage traditionnelles fonctionnant avec un courant électrique, dit M. Goulet. Bien sûr, le dynamitage électronique est plus coûteux et plus difficile à réaliser, mais il s’impose, car il élimine le risque à la source. « Les lignes de dynamitage traditionnelles (électriques) ont donc été complètement éliminées de nos opérations, et nous utilisons les détonateurs électroniques avec succès depuis maintenant plus de trois ans », conclut M. Goulet.

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