Formation sur l’employabilité autochtone
Pour une gestion inclusive de la diversité culturelle dans le secteur minier
Par Gabrielle Fallu
19 mai 2025

Photo : Collection personnelle
Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre et mettre en lumière l’apport des membres des communautés autochtones, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) offre une formation intitulée « Main-d’œuvre autochtone : pour une gestion inclusive de la diversité culturelle au sein de votre organisation ». Celle-ci a pour but de former les gestionnaires de plusieurs domaines, dont le domaine minier, afin de favoriser l’inclusion des Autochtones dans les milieux de travail. On en a discuté avec Joanie Caron, formatrice et détentrice d’un doctorat portant sur le recrutement, l’insertion et la rétention de la main-d’œuvre autochtone dans le secteur minier.
D’emblée, Joanie Caron, qui donne cette formation, nous dit que la main-d’œuvre autochtone est jeune, disponible, en croissance et intéressée à participer au développement économique, en plus de représenter un bassin considérable d’employés. En effet, la formation repose sur le postulat suivant : les Autochtones représentent 2,3 % de la population de la province, et devraient donc occuper davantage de postes dans les organisations québécoises.
Une formation adaptée et innovante
La formation, qui est offerte depuis environ deux ans, s’adresse à tous les cadres et les gestionnaires ainsi qu’à toute autre personne intéressée à favoriser l’inclusion organisationnelle en contexte autochtone. Les grandes lignes de celle-ci visent l’inclusion organisationnelle et la gestion des ressources humaines. Mme Caron précise d’ailleurs que plusieurs gestionnaires autochtones ont participé à la formation jusqu’à maintenant.
Joanie Caron préconise une approche historique au début de la formation : elle explique que la collaboration entre les Français et les peuples autochtones a été efficace pour les deux parties. Elle précise ensuite qu’un parallèle intéressant peut être fait au niveau organisationnel. « En créant un environnement culturellement approprié et basé sur la collaboration, dit-elle, on garantit une sécurisation culturelle aux employés. »
Quelques connaissances acquises lors de la formation
- Avantages et défis de la gestion inclusive
- Inclusion organisationnelle
- Sélection de bons leaders
- Compréhension des particularités culturelles
- Effet du nombre, recrutement et représentativité
- Qualité des relations entre employés
- Valorisation culturelle
- Programmes publics disponibles
La force du nombre
À l’aide de statistiques, la formatrice expose aussi la situation actuelle des employés autochtones dans les minières au Québec. Elle met l’accent sur la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, qui a été indispensable pour la main-d’œuvre autochtone de cette région. Mme Caron explique que « le pourcentage moyen d’employés autochtones est de 23 % dans les territoires couverts par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. C’est donc en raison du cadre réglementaire qui en découle que les entreprises minières se tournent davantage vers la main-d’œuvre autochtone. » En effet, ce contexte incite les entreprises en territoire conventionné à mettre en place davantage de mesures pour soutenir les Autochtones en emploi, ce qui génère des avantages considérables.
Les gestionnaires des milieux conventionnés qui comptaient 23 % de main-d’œuvre autochtone ont affirmé que leurs employés étaient fiers, positifs, généreux, minutieux et débrouillards. Ils ont aussi affirmé que la machinerie utilisée par cette main-d’œuvre brisait moins souvent et que le climat de travail était généralement positif. Par contre, en Abitibi, seulement 0,17 % des travailleuses et travailleurs du secteur minier étaient issus de communautés autochtones en 2019. « Une telle situation peut faire en sorte que les équipes soient plus enclines à avoir des préjugés envers les minorités », affirme Mme Caron. Elle explique par ailleurs qu’il importe d’atteindre un certain nombre d’employés issus de la diversité culturelle dans une entreprise (ce nombre dépend bien sûr du nombre total d’employés) afin de créer un mouvement social d’importance. Ainsi, plus il y a de personnes autochtones dans le milieu de travail, mieux c’est, car elles peuvent ainsi partager leur histoire et leur culture avec leurs collègues.
« La main-d’œuvre autochtone est jeune, disponible, en croissance et intéressée à participer au développement économique, en plus de représenter un bassin considérable d’employés. »
Une gestion saine pour une meilleure productivité
Selon l’expérience de la formatrice, certains gestionnaires dans les milieux miniers préconisent souvent la production plutôt que la gestion de la diversité culturelle. La formation qu’elle offre leur permet donc d’être sensibilisés aux défis auxquels fait face la main-d’œuvre autochtone, dont la méconnaissance du milieu industriel, la distance qui la sépare des communautés et la réticence à renoncer aux activités traditionnelles. Voilà des facteurs déterminants qu’il importe de comprendre. Mme Caron avance, au passage, que lorsque de saines pratiques de gestion sont mises en place, la production a tendance à augmenter.
Une autre solution mise de l’avant par Mme Caron est le recours à la psychologie organisationnelle. Celle-ci permet, entre autres, de savoir si les bonnes mesures sont appliquées au sein d’une entreprise afin que les employés se sentent inclus. Comme l’explique l’experte, il est primordial que ces derniers constatent les efforts d’inclusion organisationnelle pour qu’ils sentent que leur culture est valorisée. « En implantant certaines mesures liées au leadership et à l’organisation, on favorise un sentiment d’inclusion chez les employés autochtones, ce qui est la clé pour assurer la rétention de la main-d’œuvre », explique la formatrice. Elle termine en ajoutant que « la tendance en lien avec les emplois offerts aux autochtones semble changer. De plus en plus d’entreprises établissent des contacts avec ces communautés, ce qui est très positif. ».