Travailler à la chaleur… en toute sécurité

Par Mélina Nantel

27 mai 2025

Photo : Leika production/Shutterstock.com

Des travailleurs et travailleuses évoluent chaque jour dans des environnements extrêmes — les pompiers et pompières ou les ouvriers et ouvrières de fonderie, par exemple. Heureusement, ils sont équipés pour affronter des températures élevées. Mais lors d’une vague de chaleur, le personnel œuvrant dans des milieux moins adaptés à ces conditions, comme la construction, l’agriculture ou la foresterie, devient aussi à risque. Evelyne Bouvier, conseillère experte en prévention-inspection à la CNESST, nous explique pourquoi la planification et la prévention sont indispensables pour assurer la sécurité de ces travailleuses et travailleurs.

Au cours des cinq dernières années, trois travailleurs ont succombé à un coup de chaleur au Québec. Ces drames auraient pourtant pu être évités grâce à des moyens de prévention appropriés : pauses d’une durée adaptée à la température, réduction de l’effort physique et hydratation fréquente. Il s’agit là de mesures incontournables pour continuer à travailler en sécurité, même sous un soleil écrasant.

Travailler à la chaleur… qu’est-ce que c’est?

Les épisodes de chaleur estivale affectent de manière très différente les personnes qui ont accès à un milieu de travail climatisé et celles qui œuvrent à l’extérieur ou dans un endroit déjà chaud ou très humide. Le travail à la chaleur désigne les tâches réalisées dans des environnements chauds, mais aussi très humides, où le corps lutte pour réguler sa température. Ce stress thermique peut engendrer de la fatigue, une diminution de l’attention, de la nausée et, dans les cas extrêmes, des malaises graves, comme l’épuisement à la chaleur ou un coup de chaleur.
L’épuisement à la chaleur survient lorsque l’organisme perd beaucoup d’eau et d’électrolytes par la transpiration. Parmi les symptômes observés, mentionnons des étourdissements, des crampes, des nausées, une grande fatigue et une perte de conscience. Dans ce cas, la travailleuse ou le travailleur doit immédiatement se reposer dans un endroit frais et bien se réhydrater, sans quoi son état pourrait empirer et mener à un coup de chaleur.

« L’épuisement à la chaleur ne doit pas être confondu avec le coup de chaleur, précise Evelyne Bouvier. Le coup de chaleur, c’est une urgence médicale, car la vie de la travailleuse ou du travailleur pourrait être en jeu. » En effet, le coup de chaleur survient quand le corps a épuisé ses ressources hydriques et ne parvient plus à se refroidir. Des signes graves apparaissent alors rapidement : vomissements, désorientation, convulsions et perte de conscience. Il faut alors agir sans attendre en tentant de refroidir la personne, en l’aspergeant d’eau et en contactant rapidement les secours. Si elle est consciente, on devrait aussi tenter de la déplacer dans un lieu frais et la réhydrater avec un liquide plutôt froid.

De bonnes pratiques à adopter

La prévention en cas d’exposition à la chaleur repose sur des gestes simples. Les travailleuses et travailleurs doivent prendre des pauses régulières à l’ombre ou dans des endroits frais afin de se reposer de leur exposition à la chaleur. S’hydrater fréquemment est crucial : il faut boire au moins un verre d’eau toutes les vingt minutes, même si l’on n’a pas soif. Toutefois, il est recommandé de ne pas dépasser 1,5 litre d’eau par heure, pour éviter de créer un déséquilibre électrolytique.

De plus, porter des vêtements légers en coton, de couleur claire, permet de mieux évacuer la sueur et de limiter la chaleur ressentie. Le port d’une casquette ou d’un chapeau à l’extérieur offre une protection supplémentaire contre le rayonnement solaire. Adapter les horaires des travailleuses et travailleurs en planifiant les tâches exigeantes physiquement tôt le matin ou tard dans l’après-midi permet aussi d’éviter le pic de chaleur. « Il faut éviter le travail isolé! », recommande également Evelyne Bouvier. En travaillant en binôme, les travailleuses et travailleurs peuvent repérer rapidement les signes de malaise et intervenir, si nécessaire. En cas de problème, il est impératif de cesser immédiatement l’activité et de prévenir les collègues ou un superviseur.

Les employeurs ont aussi un rôle clé à jouer dans la prévention. Ils doivent s’assurer que de l’eau fraîche est facilement accessible pour les travailleuses et travailleurs et que ces derniers sont bien informés des signes et des symptômes ainsi que des mesures préventives mises en place. En cas de vague de chaleur, l’organisation du travail doit être repensée. Les tâches les plus exigeantes devraient être reportées, tandis que des zones de repos à l’ombre ou idéalement climatisées doivent être aménagées. Permettre des horaires flexibles et une rotation des équipes aide aussi à réduire la fatigue thermique et à éviter les malaises.

« En cas de vague de chaleur, l’organisation du travail doit être repensée et tous ont un rôle à jouer dans la prévention des coups de chaleur. »

– Evelyne Bouvier, conseillère experte en prévention-inspection à la CNESST

Evelyne Bouvier rappelle que les pauses chaque heure sont essentielles et sont plus efficaces que de condenser le travail pour finir plus vite. « Certains employeurs incitent leurs équipes à sauter les pauses pour terminer la journée plus tôt et éviter la période la plus chaude de la journée. Mais c’est souvent à ce moment-là que les accidents surviennent », explique-t-elle. Ainsi, il ne s’agit pas de forcer la cadence, mais d’aménager le travail de manière à respecter le rythme de chacun, grâce à des pauses régulières et adaptées.

Une température à (re)calculer

Deux outils pratiques permettent d’évaluer les risques liés à la chaleur. Le premier est le calcul de la température de l’air corrigée (TAC). Cet indice prend en compte l’humidité, la charge de travail et l’exposition au soleil pour estimer la chaleur ressentie par le corps. Accessible en ligne, l’outil permet d’ajuster les mesures de prévention au fil de la journée. On peut le trouver au irsst.qc.ca/prevenir-coup-chaleur-travail/calcul-tac.aspx.

L’indice de température au thermomètre-globe mouillé (WBGT) est un autre outil utile. Il repose sur trois mesures : l’humidité, le rayonnement solaire et la température ambiante. Ces données combinées donnent une idée précise de la température perçue par le corps. Si l’indice WBGT est élevé, il est crucial d’augmenter la durée des pauses, de renforcer l’hydratation et, si nécessaire, d’utiliser des équipements adaptés pour réduire l’impact thermique. Bien que le calcul de l’indice WBGT nécessite un appareil spécialisé, il est maintenant possible d’en trouver des versions simples et abordables accessibles au grand public.

Les trucs de Mme Bouvier pour réduire les risques d’épuisement à la chaleur

  • Des pauses régulières d’une longueur adaptée aux conditions climatiques
  • Une bonne hydratation
  • Le port de vêtements légers qui permettent une bonne évaporation de la sueur
  • La vigilance collective

L’utilisation des témoins sur notre site

Pour adapter nos contenus et améliorer votre expérience sur notre site Web, nous utilisons des témoins (cookies) dans le respect de votre vie privée.

En naviguant sur notre site, vous acceptez l’utilisation des témoins décrite dans notre politique de confidentialité.

Gérer les témoins

  • Témoins nécessaires au bon fonctionnement

    Ces témoins sont obligatoires, car ils garantissent le bon fonctionnement du site.

    Toujours actifs
  • Témoins relatifs à la publicité

    Nous n'utilisons pas de témoins pour des actions de marketing personnalisé.

    Toujours désactivés
  • Témoins liés aux données statistiques

    Ces témoins permettent de collecter des données de navigation, comme la durée de la visite ou les pages vues. Les données collectées sont anonymes et ne peuvent pas être associées à une personne.

Confirmer
Prévention au travail