Nouveau cadre de référence pour la recherche à l’IRSST

Pour contribuer à la santé et à la sécurité des travailleuses et travailleurs au moyen de recherches appliquées et fondamentales, l’IRSST se donne un cadre de référence à l’intention des chercheuses et chercheurs.

« L’IRSST vient d’effectuer une mise à jour des axes et thèmes de recherche en tenant compte notamment des changements imposés par la modernisation récente du régime de santé et de sécurité du travail », explique Sophie De Serres, adjointe au directeur scientifique de l’Institut. Ce sont donc de nouvelles avenues de recherche en SST qui s’ouvrent à la communauté scientifique, aussi bien à l’interne qu’à l’externe.

« Il s’agit de donner un second souffle à la façon dont on fait de la recherche, en incluant des problématiques qui, antérieurement, n’étaient pas nécessairement sous la loupe de l’IRSST, explique le directeur scientifique Alain Marchand. L’ensemble de cette modification au cadre de recherche permet un renouveau en matière d’études à l’Institut. »

L’IRSST, qui chapeaute au minimum une cinquantaine de recherches par année, favorise la recherche multidisciplinaire et interdisciplinaire, soutient des approches méthodologiques variées et encourage le développement ainsi que l’utilisation d’approches multifactorielles et multiniveaux.

Il peut s’agir de recherches appliquées, qui apportent une contribution concrète immédiate à l’amélioration de la SST, ou fondamentales, qui peuvent y fournir un apport important dans l’avenir.

Les trois axes

Les recherches en SST que soutient l’IRSST se feront désormais à l’intérieur de trois grands axes. Le premier, Prévention des atteintes à l’intégrité physique et psychique, porte sur les dangers et risques chimiques, biologiques, biomécaniques, mécaniques, physiques, ergonomiques, psychosociaux ou organisationnels qui touchent la SST. Le second, Réadaptation, retour et maintien au travail, vise à prévenir ou à réduire les risques d’incapacité prolongée des personnes ayant subi une lésion professionnelle de type physique ou psychique en misant sur leur retour durable et sécuritaire en emploi. Le troisième, Surveillance et prospection des données en SST, s’emploie à produire des données robustes sur les lésions professionnelles et les indicateurs de risque pour améliorer les capacités de surveillance et d’avancement des connaissances en SST au Québec au moyen de la prospection de données multiples.

« Ce troisième axe très intéressant et original nous permettra de travailler à partir de multiples bases de données mises en interrelation et d’appliquer des techniques avancées d’analyse de données pour documenter de nouvelles problématiques, se réjouit Alain Marchand. Nous sommes en effet en train de mettre au point un observatoire de données statistiques en SST. »

Les six thèmes

Les six thèmes de recherche, communs aux trois axes, découlent de la planification pluriannuelle de la CNESST, des besoins exprimés par les milieux de travail et par les actrices et acteurs de la SST au Québec, ainsi que des problématiques émergentes identifiées par la communauté scientifique.

L’Identification des dangers, estimation et évaluation des risques cherche à développer des stratégies pour identifier les phénomènes dangereux dans les milieux de travail, que ce soit en fonction de risques connus ou émergents, comme de nouvelles substances, de nouveaux pathogènes, la robotisation, les changements climatiques ou les phénomènes météo extrêmes, entre autres.

L’Élimination des dangers et maîtrise des risques invite la communauté scientifique à développer, évaluer et améliorer des moyens d’éradiquer et de contrôler les dangers dans les milieux de travail par l’élimination à la source, la substitution, des mesures d’ingénierie, des dispositions administratives et de l’équipement de protection individuelle. Le contrôle et la réduction des risques découlant des changements technologiques en font aussi partie.

La Métrologie appliquée à la SST englobe le développement et l’évaluation des outils de mesure permettant d’estimer l’exposition des travailleuses et travailleurs à des risques de toute nature et l’optimisation des méthodes d’échantillonnage dans les environnements de travail.

L’Organisation du travail s’intéresse au rôle de cet aspect pour la prévention des lésions, qui se manifeste par exemple dans les mécanismes de communication et de coordination du travail, les procédés techniques, la conception des tâches, les exigences de l’emploi, les relations sociales, les gratifications et la culture organisationnelle, notamment.

La Santé mentale et psychologique concerne les déterminants, la prévention, l’intervention et la réadaptation visant à réduire les problèmes de santé mentale et psychologique en tenant compte de ce qui se passe au travail, à la situation à l’extérieur du travail et aux facteurs individuels afin d’en bien saisir la complexité pour mieux orienter les actions de prévention, de réadaptation et de retour au travail.

Le thème Population, société et SST vise à mieux comprendre les problématiques de SST liées aux enjeux sociétaux et populationnels, dont les changements démographiques, la pénurie de main-d’oeuvre, la diversité des populations et des personnes au travail, l’inclusion et les dynamiques de cohabitation, entre autres.

Autrefois peu abordés, des thèmes comme Organisation du travail, Santé mentale et psychologique, ou Population, société et SST font ainsi officiellement partie du cadre de référence pour la recherche. « Ils sont très novateurs et apportent un vent de fraîcheur, conclut Alain Marchand. Il s’agit d’une évolution importante qui permettra de mieux répondre aux besoins actuels et émergents des milieux de travail dans un monde en changement. »