Accomplir une journée de travail : plus difficile à un âge avancé ?

Par MAXIME BILODEAU

20 août 2024

Photo : iStock.com/FG Trade

Une étude de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) souligne l’importance de la bonne forme physique chez les travailleurs et travailleuses de tous âges.

Le vieillissement de la population se répercute jusque dans les milieux de travail. Au Québec, on compte davantage de personnes âgées de plus de 55 ans en emploi, qui prennent leur retraite plus tard, notamment pour pallier la rareté grandissante de la main-d’œuvre. Si la qualité de l’emploi et le salaire sont des facteurs déterminants du prolongement de la vie active de ces travailleurs et travailleuses, la santé semble aussi peser dans la balance. L’avancée en âge peut entraîner des changements pouvant interférer avec les tâches quotidiennes attendues dans un contexte professionnel.

Or, il existe peu d’études sur les conséquences physiques et physiologiques des efforts déployés au cours d’une journée de travail, lesquels peuvent, par exemple, occasionner des inconforts, voire provoquer des blessures. « Cela est surtout vrai en ce qui a trait à la colonne vertébrale, tout particulièrement dans la région lombaire, qui est le siège de douleurs des personnes de tous âges qui travaillent », souligne Martin Descarreaux, professeur au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

En collaboration avec des collègues de l’UQTR, le chercheur a réalisé une étude de faisabilité sur le sujet. Ces travaux, financés par l’IRSST, visaient plus spécifiquement à comparer les effets des efforts physiques que des travailleurs et travailleuses plus âgés consentent au cours d’une journée de travail à ceux d’une population similaire plus jeune. « Nous supposions que, pour une charge de travail équivalente, nous constaterions des différences significatives pouvant se traduire par un plus grand risque de blessures musculosquelettiques », affirme-t-il.

Composer avec la pandémie

L’équipe de recherche a recruté 41 travailleurs et travailleuses qui passent moins de 50 % de leur journée de travail en position assise, puis a divisés ces sujets en deux ; 21 se sont retrouvés dans le groupe des moins de 50 ans et 20 dans celui des plus de 50 ans. Étant donné la pandémie de COVID-19, les scientifiques ont sollicité des volontaires de milieux de travail variés de la région de Trois-Rivières, dont de petites et grandes entreprises, plutôt que seulement sur le campus de l’UQTR, comme prévu à l’origine.

Les membres des deux groupes ont ensuite été évalués avant et après une journée de travail typique. Les mesures prises, soit un test d’endurance et de fatigue des muscles du tronc, une évaluation de la hauteur discale de l’ensemble du rachis et un test de stabilité posturale, concernaient toutes la colonne vertébrale. D’autres données complémentaires ont été collectées durant la journée de travail pour déterminer le niveau d’activité et pour apprécier le degré de complexité des tâches professionnelles accomplies.

« Les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire ont rendu impossible la stratégie initiale, qui consistait à recruter des paires de travailleurs et travailleuses d’âges différents dans les mêmes milieux de travail », regrette Martin Descarreaux. Ainsi, même si les membres des deux groupes présentent des caractéristiques sociodémographiques assez semblables, l’absence de pairage pourrait avoir introduit des biais dans l’étude. Il se peut, par exemple, que les tâches professionnelles ou les environnements de travail ne soient pas strictement comparables.

La condition physique avant tout

De fait, les résultats découlant de cette étude infirment l’hypothèse initiale de l’équipe de recherche. Contre toute attente, l’âge influence peu la nature des changements physiologiques et biomécaniques qui se produisent au cours d’un quart de travail. « Les capacités physiques générales des travailleurs et travailleuses semblent avoir une bien plus grande importance à ce chapitre », note Martin Descarreaux. L’état de santé, la présence de comorbidités et leurs incidences entrent aussi en ligne de compte.

Selon le chercheur, les conclusions de cette étude de faisabilité devraient inciter les milieux de travail à mettre en œuvre des interventions personnalisées plutôt que liées aux catégories d’âge pour améliorer la santé et le bien-être au travail. « On observe une grande diversité de conditions physiques avec le vieillissement. C’est pourquoi il faut entre autres tabler sur la promotion des saines habitudes de vie pour favoriser le prolongement de la vie active et professionnelle », indique-t-il. Bonne nouvelle : de telles mesures, parce qu’elles sont universelles, concernent aussi bien les jeunes que les plus âgés.

Pour en savoir plus

Rapport : Impact des efforts physiques en milieu de travail sur le développement de la fatigue musculaire, les propriétés tissulaires et la stabilité posturale des travailleurs plus âgés : une étude de faisabilité (R-1199-fr)

Chercheurs : Martin Descarreaux, Jacques Abboud, Vincent Cantin, Stéphane Sobczak et Pierre-Yves Therriault, Université du Québec à Trois-Rivières.

IRSST

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