Comment favoriser le retour au travail après un accident?
Après un accident du travail ou une maladie professionnelle, il importe de s’occuper autant de la santé physique que mentale des travailleurs atteints. Les cliniques multidisciplinaires prennent ces deux volets en charge.
Catherine Paré, étudiante en psychologie clinique à l’Université McGill, et boursière de l’IRSST, s’est intéressée aux facteurs qui peuvent nuire au retour au travail. Dans ses recherches, elle a fait un survol de différents facteurs de risque pour les personnes qui vivent avec de la douleur physique. Parmi ces facteurs, on note la dépression et le stress post-traumatique. Mais toutes les personnes qui subissent des symptômes liés à ces maladies ne correspondent pas nécessairement aux critères habituels d’un diagnostic formel.
Comment peut-on déterminer qui risque d’en souffrir? Des questionnaires qualitatifs ont permis d’évaluer la prévalence de la pensée catastrophique. Une pensée catastrophique, ce n’est pas exactement avoir peur d’un événement subit de grande envergure. « C’est quand on se sent impuissant en réaction à la douleur, quand on la perçoit comme étant insurmontable et quand on ne peut s’arrêter de penser à elle », explique Catherine Paré.
Un questionnaire qualitatif a été administré à 172 participants jusqu’à présent (pour un total de 200 à la fin de l’étude). Ses questions portent, par exemple, sur les émotions et pensées qu’une personne pourrait avoir lorsqu’elle ressent de la douleur. « On y trouve des phrases à évaluer telles que “J’ai peur qu’il n’y aura pas de fin à la douleur”, “Je ne fais que penser à quel point cela fait mal” ou encore, “J’ai peur que la douleur s’empire” », énumère l’étudiante. En ciblant en amont les travailleurs qui démontrent un taux plus élevé de pensées catastrophiques, on pourra ajouter cette donnée comme facteur de risque supplémentaire qu’ils puissent souffrir de problèmes de stress post-traumatique ou de dépression à la suite d’un accident du travail.
Grâce à ses travaux, la boursière espère attirer l’attention sur le fait qu’il est important de considérer la pensée catastrophique autant pour son rôle dans le retour au travail que pour sa présence dans les symptômes de troubles de santé mentale. Selon les premiers résultats de sa recherche, elle serait un facteur plus déterminant que l’âge ou le genre pour évaluer les risques de connaître un problème de santé mentale. « Il y a donc un lien très problématique si ce n’est pas suivi, car la pensée catastrophique pourrait prolonger la durée de la douleur en augmentant les risques d’avoir des symptômes importants de dépression ou d’un trouble de stress post-traumatique. » Le fait d’identifier la présence d’un taux élevé de pensée catastrophique chez un travailleur, dès le début du traitement de la douleur physique, augmente les chances d’une bonne réadaptation, et ce, plus rapidement.
Catherine Paré
Catherine Paré est étudiante en psychologie clinique à l’Université McGill. Boursière de l’IRSST , elle accumule les distinctions universitaires. Elle a d’ailleurs obtenu son diplôme de maîtrise avec une moyenne de 86 % et une distinction Magna cum laude. Elle poursuit présentement un doctorat à la même université, sous la direction du docteur Michael Sullivan, du Centre for Research on Pain, Disability and Social Integration. La bourse de maîtrise de Catherine Paré a reçu le titre honorifique de « Bourse thématique Andrée-Bouchard – Genre, travail et santé ». L’IRSST reconnaît ainsi le fait que les travaux de recherche de la boursière tiennent compte du genre dans l’analyse des données recueillies.
Pour en savoir plus
Pour connaître le programme de bourses de l’IRSST: https://www.irsst.qc.ca/bourses.