Départ à la retraite devancé, nouveaux objectifs de carrière, fatigue liée à la routine… Plusieurs travailleuses et travailleurs délaissent actuellement leurs emplois. Pour contrer cet exode, Kathleen St-Pierre, qui est associée en capital humain au sein de la firme Deloitte et qui possède plus de vingt ans d’expérience en gestion de changement stratégique, propose une solution : le leadership organisationnel. On l’a rencontrée.

« Plus on pratique le leadership organisationnel, plus on a de la facilité à s’adapter lors de crises, affirme d’emblée Kathleen St-Pierre. En effet, ce type de gestion crée une certaine résilience au sein d’une entreprise. » Ainsi, pour l’experte, le leadership organisationnel rend non seulement une entreprise efficace et efficiente, mais lui confère également la capacité d’assurer sa réussite à long terme.

Mme St-Pierre explique que le leadership organisationnel se base avant tout sur l’adaptation. « Il faut se demander comment on fait les choses, mais aussi par qui on doit faire faire les choses pour obtenir le meilleur rendement possible, dit-elle. Le leadership organisationnel, c’est une combinaison de compétences et de capacités qui permettent d’atteindre un niveau supérieur dans une entreprise. Ça demande aux gestionnaires d’organisations d’effectuer un constant recadrage ainsi que des ajustements pour utiliser à 100 % le potentiel du personnel. » L’experte affirme d’ailleurs que, de nos jours, les entreprises s’adaptent mieux aux nouveaux défis qui se présentent à elles en mettant de l’avant les forces des membres de leur personnel. « Les défis d’aujourd’hui forcent les gestionnaires à modifier sans cesse leur façon de gérer les organisations », explique-t-elle.

Un bon leadership

Bien sûr, beaucoup de dirigeants et de dirigeantes s’interrogent aujourd’hui sur la « formule magique » qui leur permettra de garder leur personnel. Pour Kathleen St-Pierre, la solution passe notamment par le leadership inclusif. « On a besoin de leaders qui sont conscients des préjugés et des inégalités, dit-elle. Il faut favoriser la diversité et savoir l’appliquer au sein de son organisation. »

Mme St-Pierre explique toutefois que cette pratique nécessite de faire du réalignement, une méthode de réadaptation utilisée en leadership organisationnel lorsqu’une crise survient. « La pandémie est un très bon exemple, affirme l’experte. Il faut être capable de répondre à plusieurs questions, dont : comment allons-nous conserver notre compétitivité auprès des autres entreprises en cette période de crise? Les organisations sont alors obligées de recadrer la manière dont elles gèrent certaines situations pour atteindre leurs objectifs, tout en gardant l’engagement de leurs employés. Grâce au recadrage, les dirigeants sont capables de parler des bons sujets, au bon moment et avec les bonnes personnes. »

Les bases de la réussite

Pour Kathleen St-Pierre, la confiance entre les membres d’une équipe est un facteur très important pour le maintien de la main-d’œuvre en emploi. En effet, la confiance favorise l’ouverture et la capacité de débattre sur des éléments cruciaux. « La confiance est nécessaire pour qu’une équipe ait une bonne base, affirme-t-elle. Cette base a des répercussions dans toute l’organisation, donc elle est particulièrement importante. »

Mme St-Pierre ajoute aussi que pour elle, la clé du succès pour la pérennité d’une entreprise restera toujours la communication bidirectionnelle. « Il faut favoriser une communication ouverte, dans laquelle toutes les personnes ont la possibilité d’exprimer leur opinion et leur vision, dit-elle. Ça aide à avoir une organisation beaucoup plus saine. » En effet, elle croit qu’une bonne circulation de l’information et un grand sens de l’écoute poussent les gens à être plus engagés envers l’organisation. Elle précise toutefois qu’il faut s’assurer que les bons outils soient mis en place. « L’équipe doit continuellement travailler sur elle-même, explique-t-elle. Pour cela, il faut prendre le temps de bien se parler lorsqu’un changement se produit, et ce, même si nos employés sont au sein de l’entreprise depuis longtemps. »

Des défis à surmonter

Au cours des dernières années, les entreprises ont dû poser un regard différent sur les travailleuses et travailleurs et sur les gestionnaires à cause d’un défi majeur : la rareté de la main-d’œuvre qualifiée et compétente. Comme le nombre de candidatures est réduit, Mme St-Pierre est d’avis que les dirigeants et dirigeantes doivent absolument mettre l’accent sur le bien-être de leur personnel actuel. « Il faut tout mettre en œuvre pour s’assurer que les employés que nous avons désirent rester, explique-t-elle. Il faut réfléchir et investir pour solidifier cette base. »

De plus, les entreprises doivent dorénavant s’adapter aux différentes réalités générationnelles de leurs travailleuses et travailleurs. « Certaines organisations ont des employés issus de plusieurs générations en même temps, indique Kathleen St-Pierre. Ces dernières ont toutes des besoins, des préférences et des aspirations différentes. Il n’y a donc pas de formule gagnante pour tous. Il faut simplement se demander comment on peut s’adapter pour plaire aux différents groupes d’âge. » En guise de conclusion, l’experte affirme qu’en ces temps incertains, les employeurs doivent faire leur part. « Il faut prendre en compte que lorsqu’un employé décide de passer une partie de sa carrière dans une entreprise, l’organisation doit minimalement s’adapter pour s’assurer de la rétention de ce dernier. »