Les Grands Prix nationaux de la CNESST 2025 : récompenser la proactivité

Chaque année, les Grands Prix de la CNESST sont l’occasion de rendre hommage à des organisations et à des leaders d’exception dont le sens de l’innovation, l’engagement et la vision contribuent à mettre de l’avant une culture de prévention dans leur milieu de travail. Grâce à leur dynamisme et à leur capacité à inspirer les autres, ils transforment leur environnement professionnel, faisant de chaque projet une occasion d’apprentissage et de perfectionnement. Nous vous présentons ces gens qui, par leur énergie positive, incitent leurs équipes à aller plus loin pour un avenir plus sûr et plus sain.

Dominic Charland incarne un leadership transformationnel remarquable en santé et sécurité du travail (SST) chez Groupe ABS. Entré en poste en 2020, il a su mobiliser l’ensemble de l’organisation autour d’une vision proactive et humaine de la SST. Leader engagé, il se distingue par sa rigueur, sa disponibilité et sa capacité à bâtir des ponts entre les équipes, les gestionnaires et la direction. Malgré un contexte multisite et multidisciplinaire, il a démontré une adaptabilité exemplaire, devenant rapidement la référence SST de l’entreprise. Grâce à son approche structurée, à sa résilience face aux défis et à sa communication mobilisatrice, il a su non seulement instaurer des pratiques durables, mais aussi transformer la culture de l’entreprise pour en faire un milieu de travail plus sécuritaire, engagé et responsabilisé.

Dominic Charland a mis en œuvre une série d’initiatives concrètes qui ont profondément changé la gestion de la SST chez Groupe ABS. Il a fondé un comité SST actif, lancé un journal mensuel, intégré les formations interactives et numérisé les suivis d’inspection. Son influence a permis d’atteindre des résultats probants, notamment une hausse significative des indicateurs de satisfaction en SST, entre autres une hausse de 64 % à 94 % en trois ans pour l’accès à l’information SST. Il a su répondre aux exigences des gestionnaires, implanter le SIMDUT et favoriser l’émergence de nouveaux projets, comme l’exosquelette dans le plan stratégique de l’entreprise. Par son engagement constant, Dominic agit comme moteur de changement, incitant collègues et direction à s’investir dans une culture SST vivante, moderne et tournée vers l’avenir.

Martin Bergeron est un pilier de son organisation depuis plus de 35 ans. En plus de son travail quotidien à titre de salarié, il s’implique activement dans le syndicat et le comité de santé et sécurité du travail. Délégué social depuis cinq ans, il place le bien-être de ses collègues au cœur de ses priorités. Son écoute, sa rigueur et sa capacité à rassembler font de lui un leader naturel. Il a notamment mis sur pied un comité paritaire sur la prévention de la violence conjugale, où il se distingue par sa préparation, sa vision inspirante et sa capacité à mobiliser les membres autour d’objectifs clairs. Communicateur motivant, il incarne l’engagement humain et l’initiative au service d’un milieu de travail plus sécuritaire et bienveillant.

Sous l’influence de Martin Bergeron, plusieurs actions concrètes ont vu le jour. Mentionnons notamment la création d’un comité sur la violence conjugale formé de représentantes et représentants des employeurs et du personnel, un geste fort dans un contexte de ressources limitées. Grâce à sa persévérance, l’organisation a instauré des formations, créé un local confidentiel pour les délégués sociaux et développé des outils de sensibilisation adaptés. Il a su rallier l’employeur, les collègues et des organismes externes à cette cause. Son leadership transformationnel a permis d’installer un climat de confiance, d’écoute et de prévention. Véritable agent de changement, Martin se distingue par son approche humaine, son engagement constant et son désir sincère d’améliorer le quotidien des travailleuses et des travailleurs de son milieu de travail.

Le Réseau québécois des CFER regroupe 24 écoles-entreprises qui accueillent des jeunes de 15 à 21 ans en grande difficulté scolaire. Ces milieux visent à former des citoyennes et citoyens engagés et des travailleuses et travailleurs productifs, en misant sur l’expérience concrète du travail. Or, malgré leur mission, plusieurs de ces milieux n’avaient pas de cadre structuré en santé et sécurité du travail (SST). Un accident du travail en 2022 a agi comme déclencheur : il fallait doter tous les CFER d’une approche cohérente et adaptée, surtout en tenant compte de la vulnérabilité des élèves. Inspiré par leur participation au Grand Rendez-vous de la CNESST en 2023, le Réseau a entrepris de faire de la prévention et de la participation des jeunes un pilier de la formation.

L’approche SST pour tous s’articule autour de quatre axes : l’identification des risques, la correction des lacunes, le contrôle de l’efficacité des mesures et l’évaluation des élèves. Cette démarche mobilise les enseignants, les directions, les élèves et les administrateurs et se traduit concrètement dans les CFER par des examens, des outils d’analyse des risques et des plans d’action. Chaque élève participe activement à sa formation en SST, du repérage des dangers à la proposition de mesures de prévention. Résultat : plus de 900 élèves sont maintenant mieux préparés à intégrer le marché du travail. L’approche rayonne aussi dans le contenu pédagogique des Olympiades CFER et suscite l’intérêt d’acteurs en formation professionnelle.

Alors que Congébec prenait de l’expansion à travers le Canada, la gestion décentralisée de la santé et sécurité du travail (SST) est rapidement devenue inadéquate. Chaque entrepôt appliquait ses propres méthodes, ce qui limitait l’efficacité des actions de prévention et engendrait un manque d’uniformité critique. Malgré les efforts déjà en place – comme des bulletins de sécurité, des alertes, des formations et une plateforme d’apprentissage interne –, la culture SST peinait à s’enraciner durablement chez l’ensemble des travailleuses et travailleurs. L’enjeu majeur était de bâtir un cadre commun qui soutient l’engagement collectif et de placer la SST au cœur des priorités stratégiques tout en tenant compte des particularités régionales des 12 établissements répartis dans 5 provinces.

Face à cette problématique, Congébec a conçu un plan de gouvernance national en SST, un pilier central de sa transformation organisationnelle. Ce plan structure les initiatives existantes et nouvelles telles que la création du programme STOP, la nomination d’une conseillère en audit interne et la mise en place d’une plateforme regroupant tous les outils SST. Il repose sur une collaboration étroite entre les dirigeants, le personnel et les comités locaux. Cette approche intégrée a mené à des résultats concrets : une amélioration des processus, une implication accrue des travailleurs, un meilleur accès aux formations et une décennie sans accident avec perte de temps dans deux établissements. Le tout est renforcé par des mécanismes innovants de reconnaissance, comme le prix Gabriel, et par une implication transversale qui fait de la SST une valeur partagée à tous les niveaux.

Avant la mise en place de la solution chez Transport Padlayat, le remplacement de pneus de camions lourds représentait un risque majeur pour la santé et la sécurité des mécaniciens. Ces derniers devaient déplacer manuellement des pneus de près de 365 kg (800 livres) sur des distances pouvant atteindre 90 mètres (300 pieds), exposant ainsi leur dos, leurs mains et leurs pieds à des risques d’écrasement, de coincement ou de chute. L’utilisation d’un chariot élévateur au carburant diesel posait également un danger supplémentaire en raison des émissions de monoxyde de carbone dans un garage fermé. L’environnement nordique du Nunavik complexifiait encore davantage les conditions de travail. L’ensemble de ces facteurs créait un climat propice à des accidents graves, voire mortels, et rendait urgente la mise en œuvre d’une solution sécuritaire et durable.

Pour répondre à ces enjeux, l’équipe a conçu un porte-pneu sécuritaire, adapté à un transpalette manuel, entièrement fabriqué à partir de matériaux recyclés. Cette réalisation, amorcée en 2022 et certifiée par un ingénieur en 2023, permet maintenant à un seul mécanicien de transporter les pneus de façon autonome, stable et ergonomique, en éliminant le risque de renversement. La structure métallique maintient le pneu en position verticale à 6 cm (2,5 pouces) du sol, limitant les efforts physiques et éliminant le besoin de soutien manuel ou d’équipement motorisé. Résultat : une méthode de travail plus sécuritaire, reproductible dans d’autres garages similaires, qui démontre l’ingéniosité collective des travailleurs dans une approche à coût nul et à fort impact en SST.

Dans le domaine hautement réglementé de l’inspection de centrales nucléaires, les travailleuses et les travailleurs sont quotidiennement exposés à des risques critiques. L’un des plus importants est l’exposition à la radioactivité lors de l’inspection manuelle du circuit primaire du réacteur. Malgré des normes strictes, une surexposition demeure possible, mettant la santé des employés en péril. À cela s’ajoutaient des contraintes ergonomiques majeures : les techniciens devaient parfois ramper dans des espaces restreints pour manipuler des outils dans des positions inconfortables. Cette méthode présentait un risque pour la santé musculosquelettique, en plus d’allonger le temps passé dans une zone radioactive.

Pour remédier à ces enjeux, l’entreprise Nucléom a développé le Crawler 360, un robot automatisé conçu pour inspecter les réacteurs nucléaires de manière autonome à l’aide d’ultrasons. Lancé officiellement en septembre 2023, ce robot se déplace seul sur les surfaces à inspecter et retourne à sa position d’origine, réduisant de quatre fois la durée d’exposition à la radiation et éliminant la majorité des contraintes ergonomiques. Ce projet novateur, mené par Olivier Marcotte et son équipe, allie sécurité accrue, efficacité opérationnelle et précision des données recueillies. Ce robot ouvre également la voie à des applications dans d’autres industries critiques comme le secteur pétrochimique ou les pipelines, renforçant ainsi la portée de cette avancée technologique.

Avant 2018, les autobus de transport adapté ne proposaient pas de sièges à air, ce qui exposait les chauffeuses et chauffeurs à des douleurs dorsales importantes liées aux conditions de conduite. Les routes endommagées et les sièges en poteau manquant de réglages ergonomiques accentuaient ces inconforts. Bien que des sièges à air de base aient été intégrés en 2019, ceux-ci n’offraient pas les ajustements nécessaires pour éviter les maux de dos. L’équipe du service d’entretien a rapidement relevé l’absence de solutions adaptées et a entrepris des recherches pour développer un siège à air spécifique à ce type de véhicule.

Après plusieurs essais infructueux et une collaboration étroite entre carrossiers, électriciens et fournisseurs, un siège à air ISRI a été testé avec succès en 2021. Ce siège a été modifié pour répondre aux besoins du transport adapté. En septembre 2023, il a été installé dans les autobus, offrant aux chauffeurs des ajustements ergonomiques et une suspension à air pour mieux absorber les irrégularités de la route, réduisant ainsi les risques de blessures au dos. Ce projet novateur, qui pourrait être adapté à d’autres flottes de transport, a été salué pour son approche collaborative et sa capacité à répondre à un problème longtemps négligé.

Avant la mise en place de la nouvelle solution, la planche de plongeon dépassant de 1,5 mètre (5 pieds) du bord de la piscine présentait des risques significatifs pour les baigneuses et baigneurs et les athlètes, notamment lors des compétitions. La manipulation de cet équipement imposait de lourdes charges physiques et des postures dangereuses, augmentant les risques de blessures ergonomiques, physiques et liées à l’environnement. Des risques de chutes, de coupures, de fractures ou même de noyade étaient présents lors des manipulations, souvent effectuées à plusieurs personnes pour soulever le plongeon de 72 kg (160 livres).

Pour remédier à ces risques, les travailleurs ont conçu un dispositif de levage innovant qui permet à une seule personne de lever le plongeon en toute sécurité. Ce système utilise une manivelle à faible résistance et intègre plusieurs dispositifs de sécurité, comme un antiretour et un cadenassage, pour éviter tout accident. Mis en œuvre en avril 2023, il a considérablement réduit les risques liés à cette tâche, améliorant ainsi la sécurité des travailleurs et éliminant les risques ergonomiques et physiques. Ce dispositif, conçu sur mesure, pourrait être appliqué dans d’autres environnements similaires tels que des piscines municipales ou privées.