Santé psychologique au travail : un colloque pour éclairer la pratique

L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST) organise cette année, de concert avec de nombreux partenaires (Fonds de recherche du Québec (FRQ), la CNESST, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le ministère du Travail (MT), le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), Revenu Québec, le Secrétariat à la condition féminine (SCF), le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT), un colloque scientifique ayant pour but de présenter des projets de recherches de l’Action concertée en santé psychologique au travail. La journée du 18 novembre sera consacrée au dialogue entre la recherche et la pratique, et à la réflexion sur les solutions concrètes à apporter sur le terrain.

« On connaît les principaux déterminants qui influencent la santé psychologique au travail, explique Alain Marchand, directeur scientifique de la Direction de la recherche de l’IRSST. Là où on est moins équipés, c’est sur les façons d’intervenir. Que faut-il mettre en place pour changer une situation ? Qu’est-ce qui devrait être modifié ? C’est ce que ce colloque va tenter de mettre en lumière. »

Des risques connus, des conséquences importantes

Alain Marchand rappelle que les risques psychosociaux, bien documentés, concernent quatre dimensions :

• la conception des tâches (utilisation des compétences, autonomie, etc.) ;
• les demandes du travail (physiques, psychologiques ou contractuelles, comme la charge ou le rythme de travail, l’horaire, les heures supplémentaires, etc.) ;
• les récompenses au travail (reconnaissance, valorisation, rémunération, perspectives d’évolution, sécurité d’emploi, justice organisationnelle…) ;
• et les relations sociales (soutien des collègues ou de la supervision, gestion des conflits, prévention des abus…).

À ces dimensions s’ajoutent la culture et le climat organisationnels, ainsi que les événements potentiellement traumatiques.

Ces facteurs peuvent entraîner détresse psychologique, symptômes dépressifs, épuisement professionnel, mais aussi des comportements compensatoires, comme la consommation accrue d’alcool ou de psychotropes. Même sans aller jusque-là, la motivation et la performance peuvent en être touchées, entraînant absentéisme et baisse de rendement. « Ce n’est pas juste une question de santé psychologique, mais de rapport au travail », précise Alain Marchand.

Adapter les interventions

Chaque milieu de travail a ses réalités et ses risques propres.

« Un enseignant épuisé face aux conditions de travail alourdies, aux problèmes avec les enfants et les parents, c’est très différent de quelqu’un qui travaille en centre d’appel et se retrouve en détresse psychologique à cause de la surcharge de travail et du manque de soutien de ses collègues », note le directeur scientifique.

Sur le terrain, il faut donc adapter l’intervention à chaque situation. « Prenons l’exemple de la réintégration au travail après un traumatisme ou un épuisement professionnel. Si on remet la personne dans les conditions qui ont provoqué l’arrêt de travail, on va seulement aggraver sa situation. C’est ça le défi : comprendre les causes et créer les conditions favorables pour une réintégration durable. »

Heureusement, il existe des outils que les milieux de travail peuvent s’approprier pour évaluer la santé psychologique, mieux prévenir les problèmes ou intervenir plus efficacement. « Ce colloque offrira de nombreuses pistes pour inspirer les personnes sur le terrain », conclut Alain Marchand.

Un colloque pour passer à l’action

« La modernisation de la Loi sur la santé et la sécurité du travail nous a fait réfléchir à l’état des connaissances en matière de risques psychosociaux, se souvient Marie-France Duranceau, directrice de la Veille et de la mobilisation des connaissances à l’IRSST. L’Action concertée avec les partenaires, c’était une façon d’avancer concrètement à ce sujet. » Le colloque du 18 novembre présentera les résultats de 14 projets de recherche financés par divers fonds au Québec.

Mais « ce n’est pas un colloque de chercheuses et chercheurs qui se parlent entre eux !, précise Marie-France Duranceau. On a travaillé main dans la main avec les partenaires pour proposer une journée entièrement dédiée aux actions concrètes à poser sur le terrain ».

L’événement est donc organisé de façon à favoriser au maximum les échanges. Ainsi, durant 1 h 20, chaque panel réunira scientifiques et partenaires de divers milieux et fera la part belle aux questions du public. On s’y penchera sur la prévention et la gestion des traumas, l’intervention auprès du personnel en détresse psychologique, le retour et le maintien en emploi, et la façon dont les transformations des modes de travail influent sur la santé psychologique. Un atelier sur la culture organisationnelle et l’inclusion au travail permettra également de réfléchir en petits groupes sur des enjeux comme la résilience ou le TDAH.

Les interactions seront aussi encouragées entre les présentations. Le public aura l’occasion de discuter aux stands des partenaires, ainsi que de consulter des outils en santé psychologique au travail, dont des tests d’évaluation ou des fiches de sensibilisation. « Par exemple, le premier panel présentera un outil de réalité virtuelle pour l’apprentissage des premiers soins psychologiques, mentionne Marie-France Duranceau. Eh bien, le casque de réalité virtuelle pourra être essayé sur place lors des pauses ! » Les impressions et les besoins des personnes présentes seront également récoltés tout au long de la journée au moyen d’outils interactifs comme Wooclap pour nourrir la synthèse du colloque. Des capsules informatives seront également mises en ligne après l’événement, mais comme le souligne la directrice de la Veille et de la mobilisation des connaissances, « rien ne remplace l’ébullition d’une journée d’échanges, le fait de réfléchir ensemble ».

L’IRSST et les partenaires de l’Action concertée vous invitent donc à participer en grand nombre au colloque du 18 novembre, pour une approche pratique de la santé psychologique en milieu de travail. Gestionnaires, équipes des ressources humaines, syndicats, employés et employées : cette journée s’adresse à « tout le monde », rappelle Marie-France Duranceau.