Sauvetage in extremis en République dominicaine : quand le sauvetage minier québécois s’illustre à l’international

Photo : Todd Aaron Sanchez/Shutterstock.com
À l’été 2022, en République dominicaine, un effondrement dans une galerie d’accès a emprisonné deux hommes sous terre durant plusieurs jours. N’ayant aucun moyen de faire sortir les travailleurs de la galerie souterraine sans compromettre leur sécurité, des gestionnaires de la mine concernée ont contacté Christian St-Amour, directeur des opérations chez Machines Roger International, afin que son équipe et lui viennent à la rescousse des captifs à l’aide de leur équipement de forage. Retour sur cette mission de sauvetage qui frappe l’imagination.
Lorsque Christian St-Amour, un ancien sauveteur minier, a été contacté par des entrepreneurs miniers canadiens situés en République dominicaine, la surprise était totale ; ils voulaient savoir si le Québécois pouvait venir sur place avec son équipement afin d’effectuer une mission de sauvetage. Il fallait secourir deux travailleurs pris depuis la veille dans une galerie souterraine de 60 mètres de long. Comme ils connaissaient les capacités de forage de Machines Roger International, les entrepreneurs canadiens savaient qu’ils avaient besoin d’une foreuse que l’entreprise utilise afin d’aller chercher les travailleurs dans les niveaux inférieurs de la mine. Le but était alors de faire un trou suffisamment grand pour faire sortir les mineurs, sans toutefois créer d’effondrement. « Ils ont réussi à me joindre le 1er août pour savoir si j’étais capable de faire un trou de 35 à 40 mètres de profondeur, explique Christian St-Amour. J’ai répondu sans hésiter que j’en serais capable! »
En effet, pour M. St-Amour, la tâche était semblable aux travaux que son équipe et lui font habituellement. « Ce qu’ils nous demandaient de faire, c’était notre quotidien, le genre de chose qu’on effectue dans plusieurs opérations minières. Ce n’était pas un défi insurmontable », affirme-t-il. Il savait toutefois que les conditions de forage allaient indéniablement être ardues, car les zones de terrain à proximité des effondrements sont souvent difficiles. « Nous étions au courant que les conditions de forage pouvaient être compliquées, mais on savait qu’on pouvait relever ce défi », dit Christian St-Amour. Même si les causes de l’événement demeurent à ce jour inconnues, l’entrepreneur croit que des conditions de terrain non contrôlées ont pu engendrer cet effondrement.
Une course contre la montre
Lors de cette mission de sauvetage minier à l’international, le temps était un facteur primordial, car des vies étaient en jeu. « Il y avait un enjeu de mobilisation assez important, précise l’entrepreneur. Nous devions nous rendre sur place rapidement et nous avions beaucoup de matériel à transporter. » Alors que M. St-Amour et son équipe se préparaient à partir, la mine en République dominicaine a excavé une galerie de contournement pour essayer de rejoindre les mineurs qui étaient pris sous terre. Il faut savoir que les mineurs coincés ont eu accès à de l’eau et à des denrées dès la troisième journée de leur captivité. De même, ils ont pu communiquer avec leurs familles respectives, et des médecins suivaient leurs signes vitaux à distance afin de s’assurer que leur état de santé ne se dégradait pas. M. St-Amour explique aussi qu’avant le départ, quelques minières québécoises ont aidé son équipe. « La communauté s’est mobilisée rapidement pour mener à bien cette mission, affirme-t-il. On voit que les gens des mines se soutiennent. L’esprit minier, c’est souvent un esprit de famille. »
Le 7 août, à la suite de plusieurs démarches bureaucratiques, le gouvernement canadien a envoyé un avion-cargo militaire. Le chargement de matériel a pris plusieurs heures et pesait environ 27 215 kilogrammes (60 000 livres). En fin d’après-midi, l’équipe de Christian St-Amour, accompagnée des forces armées canadiennes, est donc partie de Val-d’Or et est arrivée en République dominicaine en début de soirée. « Nous sommes arrivés vers 3 h du matin sur le site, raconte M. St-Amour. Le 8 août, au petit matin, nous avons procédé au déchargement de nos équipements et à leur transport. Le forage a débuté le soir même. »
Un passage tant espéré
Sur place, l’équipe québécoise a fait un premier trou de 15 cm pour y glisser des appareils respiratoires et des capsules de protection. Puisque les travailleurs de la mine approchaient de l’endroit où les mineurs étaient captifs via la voie de contournement, provoquer une explosion de la roche pour créer une ouverture dans la galerie devenait possible. Ainsi, le 9 août au matin, le sautage par la voie de contournement a permis de créer un passage vers la galerie souterraine. Après avoir sécurisé le point de défoncement entre les deux galeries et évacué par ventilation les gaz toxiques, les travailleurs ont enfin pu être secourus. Les travailleurs miniers ont alors annoncé à l’équipe de M. St-Amour : « La galerie a défoncé! » Les deux travailleurs qui étaient restés prisonniers sont tout de suite partis en hélicoptère vers l’hôpital le plus proche. « J’ai rencontré le frère d’un travailleur captif, dit M. St-Amour avec émotion. Il était vraiment reconnaissant du travail de tout le monde. » Évidemment, cette expérience de sauvetage à l’international a profondément marqué Christian St-Amour qui, depuis le début de sa carrière, il y a 27 ans, a la santé et la sécurité de ses collègues à cœur.
« On voit que les gens des mines se soutiennent. L’esprit minier, c’est souvent un esprit de famille. »
– Christian St-Amour