Un travailleur est écrasé par des roches

Par Geneviève Chartier

20 février 2025

Printemps , vol. 64/1

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

Le 24 mars 2000, en fin d’après-midi, un travailleur minier aux commandes d’une boulonneuse est enseveli sous 300 tonnes de roches qui se sont détachées du toit d’un chantier, même si le toit en question était boulonné et grillagé. On vous raconte ce qui s’est passé… et on vous présente les causes de ce triste accident.

Au début du quart de travail, le travailleur impliqué dans l’accident et un de ses collègues vont voir leur contremaître. Ce dernier leur donne une carte de travail qui indique les directives ainsi que la nature et l’endroit des travaux. Les deux travailleurs se rendent ensuite au niveau 81 de la mine afin d’y récupérer un véhicule de service. Un autre travailleur se joint alors à eux. Les trois passent au refuge du niveau 93, puis vont au niveau 94 pour prendre du grillage métallique et des boulons mécaniques de 2,1 mètres avant d’aller au chantier pour décharger ce matériel. Les deux collègues du travailleur qui subira l’accident quittent ensuite le chantier. Toutefois, avant de partir, l’un d’eux lui lance : « Tes murs sont découverts. C’est large. »

Un peu plus tard, l’un des collègues revient au chantier et remarque un tas de roches. En y regardant de plus près, il voit la bordure jaune de la boulonneuse et réalise alors qu’elle est enterrée. Il ignore où se trouve le travailleur. Après avoir crié sans obtenir de réponse, il quitte le chantier pour demander de l’aide. Le capitaine, le surintendant, un infirmier et le médecin de la mine ainsi qu’un inspecteur de la CSST (aujourd’hui la CNESST) se rendent sur les lieux de l’accident. Lorsque le médecin confirme le décès du travailleur écrasé, une procédure est mise en place afin de libérer son corps.

Quelles sont les causes ?

Dans le rapport d’enquête de la CNESST, plusieurs causes ont été énumérées comme étant responsables de cet effondrement. Tout d’abord, le soutènement installé sur le toit du chantier n’était pas approprié aux conditions de terrain. En effet, les boulons choisis ne convenaient pas, compte tenu des caractéristiques du toit du chantier ; le roc était très fracturé. De même, les plans et devis de soutènement du chantier n’étaient pas spécifiques aux conditions d’exploitation de celui-ci.

Il a aussi été démontré que les interventions effectuées par le personnel de l’ingénierie responsable du contrôle de terrain n’étaient pas orientées de façon à anticiper les problèmes éventuels d’instabilité du terrain. L’enquête a révélé que l’évaluation des problèmes d’instabilité par le personnel responsable du contrôle de terrain avait été en partie transférée à l’appréciation faite par les travailleurs. De plus, lors des quarts de travail précédant l’accident, les contremaîtres avaient constaté des conditions de terrain instables dans le chantier. Ces constatations ont été inscrites sur les cartes de travail, mais le personnel de supervision n’était pas sensibilisé à la nécessité de rapporter de telles conditions.

Finalement, l’usage inapproprié des outils servant à la communication des problèmes liés à la stabilité du chantier ainsi que l’absence d’un programme de contrôle de terrain ont aussi joué un rôle dans la survenue de l’accident.

Qu’est-ce qu’un programme de contrôle de terrain?

Ce type de programme, qui n’était pas en place au moment de l’accident dont il est question dans cet article, a pour objectif de définir les activités en matière de contrôle de terrain ainsi que le rôle de chacun des intervenants. L’application d’un tel programme aurait fait en sorte que les interventions du personnel chargé du contrôle de terrain soient plus structurées et orientées vers une recherche de problèmes liés à des conditions instables durant l’exploitation du chantier. Ce programme aurait aussi permis de préciser les responsabilités des contremaîtres et de leur donner un meilleur encadrement, ce qui aurait favorisé l’échange d’information durant les travaux d’excavation.

Personne-ressource : Mario St-Pierre, ing., conseiller expert, secteur Mines, et inspecteur à la CNESST

Pour en savoir plus : centredoc.cnesst.gouv.qc.ca/pdf/Enquete/ed003260.pdf

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