Un travailleur est heurté par un véhicule automobile lors de travaux
Par Geneviève Chartier
8 avril 2025

Illustration : Jean-Philippe Marcotte
En septembre 2023, deux travailleurs doivent effectuer des travaux à l’intérieur d’un regard d’égout. Pendant que l’un d’eux descend au fond du regard afin d’avoir une idée des tâches à réaliser, son collègue se tient debout, derrière leur camionnette stationnée. C’est alors qu’il est heurté de plein fouet par une automobile circulant dans la même voie.
Que s’est-il passé?
Ce jour-là, les travaux devaient avoir lieu à l’intérieur d’un regard d’égout sanitaire situé sur une rue où la circulation automobile se faisait sur deux voies contiguës d’une largeur de 3,8 m, séparées par une ligne jaune pleine. À cet endroit, un panneau affichait une vitesse de 50 km/h. Au moment de l’accident, la camionnette entravait la voie de circulation en direction nord-est à la hauteur des travaux, en aval du regard.
Ainsi, en début de matinée, les deux travailleurs se rejoignent à la camionnette, où ils consultent la liste des déficiences à corriger. Ils se dirigent ensuite vers le regard d’égout en question. Vers 7 h, l’un des deux travailleurs positionne la camionnette en bordure de rue, en direction nord-est, avant de rejoindre le regard d’égout. Ils portent tous les deux leurs vêtements de sécurité à haute visibilité. C’est à ce moment qu’un véhicule qui se dirige en direction sud-ouest passe à proximité des travailleurs. Ces derniers décident donc, par souci de prudence, de déplacer la camionnette en aval du regard d’égout, sur la voie de circulation à proximité de la ligne médiane.
Une fois la camionnette déplacée, l’un des deux travailleurs descend dans le regard d’égout afin de voir l’étendue des travaux à effectuer. Son collègue demeure à l’extérieur du trou pour préparer les outils nécessaires à l’exécution des tâches. Au moment où ce travailleur fait dos à la circulation pour préparer les outils qui se trouvent dans la caisse de la camionnette, à l’arrière de celle-ci, il est heurté par un véhicule qui arrive du nord-est. Les services ambulanciers sont immédiatement appelés, et le blessé est transporté en centre hospitalier.
Qu’aurait-il fallu faire?
Tout d’abord, le travailleur a été heurté alors qu’il se trouvait dans la trajectoire du véhicule automobile empruntant la voie ouverte à la circulation en direction nord-est. En effet, le travailleur demeuré à l’extérieur du regard d’égout se trouvait à être positionné entre ce dernier et le hayon de la caisse de la camionnette, de dos; il était donc directement exposé à la circulation en direction nord-est, ce qui est l’une des causes du malheureux accident.
De plus, la planification des travaux en lien avec le regard d’un égout situé sur la voie de circulation était déficiente et exposait le travailleur à un danger de heurt. Lors de travaux sur une voie de circulation, l’employeur doit mettre en place les mesures de sécurité établies dans le Tome V – Signalisation routière du ministère des Transports et de la Mobilité durable. En considérant le nombre et le type de voies, l’entrave de voie nécessaire et la durée prévue des travaux, une signalisation minimale spécifique doit être mise en place afin d’assurer la sécurité des travailleurs et travailleuses se trouvant sur une voie ouverte à la circulation.
Dans le cas qui nous occupe, dès le début du chantier, l’entrepreneur a élaboré quatre plans de signalisation signés et scellés par un ingénieur relativement aux chemins de détour prévus et résultant des entraves occasionnées par la réfection de la rue en question. Cependant, la conformité aux exigences du Tome V – Signalisation routière n’est pas uniquement requise lors de travaux de réfection; elle inclut également toute autre intervention sur la voie de circulation, comme la correction des déficiences. Cette conformité n’avait pas été respectée ce jour-là.
D’ailleurs, l’un des travailleurs s’était présenté sur les lieux de travail avec une camionnette munie d’un gyrophare de type barre d’éclairage, sans qu’une planification préalable ait été effectuée par l’employeur quant à la signalisation requise pour cette entrave sur la voie. De plus, les deux collègues ont improvisé le placement de la camionnette, qui a d’abord été positionnée en bordure de rue, puis déplacée en aval de l’aire de travail. Cela a directement exposé le travailleur blessé à la circulation routière, et donc à un danger de heurt.
Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST
Enquête réalisée par : Steve Laperle et Mathieu Ruel, inspecteurs à la CNESST
Illustration : Jean-Philippe Marcotte
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Tome V – Signalisation routière – Volumes 1, 2 et 3 – Les Publications du Québec