La Loi sur l’équité salariale a 25 ans : quelques récits entourant son adoption
Par Maria Allen Demers
11 janvier 2022
Le 21 novembre 2021 marque le 25e anniversaire de l’adoption de la Loi sur l’équité salariale au Québec, une loi proactive s’attaquant à la discrimination systémique basée sur le sexe. Retour sur quelques actrices et moments clés de son instauration.
La marche du pain et des roses
Françoise David
Au milieu des années 1990, le taux de chômage est élevé et les femmes sont considérablement touchées par la pauvreté. Françoise David, alors à la tête de la Fédération des femmes du Québec, a l’idée de mettre en branle une grande marche au printemps 1995 pour redonner un souffle à la lutte féministe. Cette marche rassemble des milliers de Québécoises autour de neuf revendications visant à lutter contre la pauvreté. Son nom, inspiré d’une grève ouvrière du début du 20e siècle, fait état des deux désirs des marcheuses : la lutte contre la pauvreté et la reconnaissance du travail des femmes. Grâce à une importante mobilisation et à un contexte politique favorable, la majorité de leurs revendications trouvent écho auprès du gouvernement et se concrétisent à travers différentes mesures politiques. L’une d’entre elles est la création de la Loi sur l’équité salariale, qui rallie le pain et les roses revendiqués par la marche : elle vise à reconnaître la valeur du travail typiquement féminin et à lui assurer une juste rémunération.
Les travaux de la chercheuse Marie-Thérèse Chicha
Marie-Thérèse Chicha
En 1995, la ministre responsable de la Condition féminine, Jeanne L. Blackburn, confie à un comité d’expertes l’élaboration de ce que devrait contenir un projet de loi sur l’équité salariale. L’économiste Marie-Thérèse Chicha préside ce comité. En 2021, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lui décerne un prix hommage pour l’ensemble de son œuvre sur l’équité salariale. Cette œuvre s’est cristallisée dans l’adoption de la Loi sur l’équité salariale au Québec et dans la circulation, à travers le monde, de son guide sur l’équité salariale rédigé pour l’Organisation internationale du travail. Le modèle suivi par la loi québécoise, même après un quart de siècle, est ainsi demeuré un exemple à suivre au Canada et à l’international.
Discours d’adoption
Louise Harel
La porteuse du projet de loi no 35 déposé en mai 1996 était Louise Harel, alors ministre responsable de la Condition féminine. C’est pourtant le vice-premier ministre Bernard Landry qui a lu le discours pour son adoption à l’Assemblée nationale le 21 novembre de la même année, alors que la ministre Harel était terrassée par une grippe. Il en a profité pour mettre de l’avant l’exemplarité du projet de loi de sa collègue, pour souligner qu’il s’agissait de l’une des pièces législatives les « plus avancées qu’aucun Parlement du monde n’ait jamais adopté[es] » et pour signifier que la Chambre pouvait être fière « de s’associer à un monument législatif aussi audacieux et d’une portée aussi considérable ».
Vingt-cinq ans plus tard, le Québec demeure un chef de file en matière d’équité salariale grâce à cette loi, qui a permis de reconnaître à sa juste valeur le travail de travailleuses et de travailleurs.