Cinq personnes sont gravement blessées lors d’une explosion

En mars 2022, une explosion attribuable à une fuite de propane a provoqué la destruction d’un bâtiment de valorisation des aliments. La déflagration a blessé cinq travailleuses et travailleurs, qui ont été transportés dans des centres hospitaliers. On vous raconte le déroulement des événements.

Que s’est-il passé ?

Le jour de l’accident, des travailleuses et des travailleurs se rendent à leur lieu de travail dans un Centre de valorisation des aliments (CVA). Il s’agit d’un complexe au sein duquel plusieurs entreprises agroalimentaires ont accès à différentes installations, dont une cuisine industrielle pour la production et la transformation alimentaire. Ce matin-là, vers 5 h 30, des travailleuses et des travailleurs remarquent déjà une odeur nauséabonde. Au fil des arrivées sur le lieu de travail, de plus en plus de personnes sentent cette odeur suspecte. L’odeur s’apparente à celle des œufs pourris et semble provenir de la cuisine (rappelons que, lorsque le propane est utilisé comme combustible, un agent odorant, nommé méthylmercaptan, y est ajouté en très petite quantité de manière à favoriser la détection de fuites). Quelques heures plus tard, vers 8 h 15, l’un des travailleurs se rend à la cuisine industrielle où il discute avec deux personnes pendant qu’elles s’affairent à mettre des aliments dans un four. L’une d’elles a alors affirmé avoir déjà senti une telle odeur d’œufs pourris dans la cuisine, qui était attribuable à un drain bouché. Après cette discussion, le travailleur retourne au local de son employeur. Quelques instants plus tard, il est projeté au sol à la suite d’une explosion. Lorsqu’il se relève, il constate qu’un incendie fait rage. Il se dirige vers l’extérieur en alertant les autres travailleuses et travailleurs. Rapidement, les services d’urgence arrivent sur les lieux. Bien que les travailleuses et travailleurs aient réussi à quitter rapidement l’établissement, cinq personnes gravement blessées ont dû être transportées d’urgence dans un hôpital.

Qu’aurait-il fallu faire ?

Les explosions liées aux fuites de propane comme dans ce cas ne sont pas fréquentes, mais elles peuvent avoir de grandes conséquences. C’est pourquoi il faut prendre toutes les mesures de prévention nécessaires afin de les éviter. Tout d’abord, l’explosion dont il est question ici est survenue à la suite d’une fuite de propane, elle-même attribuable à l’ouverture accidentelle d’une valve non obturée de la ligne de distribution intérieure de la cuisine. Afin d’éviter qu’une telle situation se reproduise, un technicien qualifié doit obturer de façon étanche toutes les lignes de distribution de propane non utilisées. Le risque sera ainsi réduit de façon considérable. Il est à noter que le Code d’installation du gaz naturel et du propane et le Code de sécurité découlant de la Loi sur le bâtiment prévoient qu’il faut obturer les valves lorsqu’elles ne sont pas raccordées à un appareil. Par ailleurs, dans le cas qui nous occupe, l’installation, le retrait et l’inspection des équipements de la cuisine fonctionnant au propane étaient déficients. Il est donc essentiel de s’assurer que ces actions sont effectuées par du personnel qualifié.

De plus, il importe d’installer des détecteurs de gaz propane dans les bâtiments, près des sources où il peut y avoir des fuites. Ainsi, les travailleuses et travailleurs sont avisés par une alarme dès qu’une concentration dangereuse de propane se propage dans l’air. Ils savent alors qu’ils doivent évacuer les lieux rapidement.

En outre, la Loi sur la santé et la sécurité du travail prévoit, entre autres, que « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique et psychique du travailleur ». Ainsi, il est nécessaire de former et d’informer les travailleuses et travailleurs sur les risques inhérents au gaz propane. Par exemple, une exposition par inhalation à des concentrations élevées de gaz propane peut causer la dépression du système nerveux central. De plus, ce gaz peut entraîner l’asphyxie (à de très hautes concentrations), car il déplace l’oxygène dans l’air. Les symptômes associés à ces deux phénomènes sont une respiration rapide, des nausées, des maux de tête, des vertiges, une perte de conscience, des convulsions ou même un coma. En sensibilisant les travailleuses et travailleurs à la détection de propane dans les milieux de travail, on s’assure que ceux-ci seront capables de prévenir les fuites et de les repérer rapidement, le cas échéant.

Dans tous les cas, les travailleuses et les travailleurs doivent collaborer avec leurs employeurs pour identifier les risques et mettre en place des mesures de prévention pour les éliminer ou les corriger.

Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST

Enquête réalisée par : Christian Roy et Sylvain Roy, inspecteurs à la CNESST