Santé psychologique : Obstacles liés à l’environnement de travail chez les travailleurs vieillissants absents
Par Fanny Charreteur
3 mai 2019
Le Québec connaît actuellement une pénurie de main-d’œuvre dans certaines professions, ce qui est d’autant plus déroutant que sa population vieillit. De fait, les entreprises, quel que soit leur domaine d’activité, ont intérêt à ce que leurs salariés demeurent en bonne santé pour ainsi retarder le moment de leur retraite.
Cependant, des études ont démontré que les demandes de prestations reliées aux troubles mentaux courants (TMC), soit les troubles dépressifs, anxieux et d’adaptation, représentent la majorité des indemnités d’invalidité au Canada. Notons que l’incapacité résultant d’un TMC touche les travailleurs de tous âges, incluant ceux de 50 ans ou plus. Cependant, l’absence du travail est plus longue et le retour plus difficile pour ces derniers. Quelles en sont les causes? On connaît de mieux en mieux les facteurs personnels et cliniques qui contribuent à l’incapacité au travail. Cependant, les facteurs de l’environnement de travail qui peuvent nuire ou compliquer le retour en emploi de travailleurs ayant un TMC sont méconnus, en particulier dans le cas des personnes de 50 ans ou plus. Il est important d’en connaître davantage à ce propos puisqu’il est maintenant reconnu que les interventions favorisant le retour en emploi sont celles qui agissent sur les facteurs de l’environnement de travail.
La recherche d’Astrid Velasquez Sanchez, boursière de l’IRSST, vise donc à décrire les obstacles associés à l’environnement de travail chez les travailleurs âgés de 50 ans ou plus s’étant absentés en raison d’un TMC.
Une étude approfondie
Pour réaliser son étude, la boursière a établi un protocole divisé en deux phases, une quantitative et une autre qualitative. En se basant sur une étude antérieure qui visait à documenter les qualités psychométriques de l’Outil d’Identification de la Situation de Handicap au Travail (OISHT), l’étudiante à la maîtrise en recherche en sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke extraira les données se rapportant au sous-groupe de participants âgés de 50 ans ou plus et en fera une analyse statistique afin de déterminer les principaux obstacles documentés relatifs à l’environnement de travail.
Dans un second temps, la phase qualitative consistera à réaliser des entrevues avec des gestionnaires du centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) sélectionné (source principale) ainsi qu’avec des employés des ressources humaines impliqués dans la gestion de l’invalidité (source complémentaire) afin de mieux comprendre et d’enrichir les conclusions issues de la phase quantitative. Pour minimiser les erreurs d’interprétation, les données des trois premières entrevues seront codées de façon indépendante par deux codeurs et leurs réponses seront comparées et discutées. Puis, les thèmes qui se seront dégagés de cet examen seront précisés au moyen d’analyses intra et inter cas, permettant ainsi d’établir des convergences et des divergences.
Orienter les intervention
Les connaissances ainsi acquises permettront non seulement aux médecins ou aux autres professionnels de la santé d’orienter leurs interventions de manière spécifique pour favoriser le retour en emploi de la clientèle visée, mais également de mieux comprendre les enjeux et les difficultés que rencontre ce groupe de travailleurs.
Astrid Velasquez Sanchez
Avant d’entreprendre sa maîtrise, Astrid Velasquez-Sanchez a travaillé pendant six ans en tant qu’ergothérapeute. Son expérience au CISSS de Laval auprès d’une clientèle adulte en arrêt de travail à la suite d’un TMC lui a permis de constater que malgré l’évidence du rôle important que joue l’environnement de travail dans le retour en emploi, les facteurs inhérents à ce milieu étaient encore méconnus. Astrid Velasquez-Sanchez a entrepris sa recherche sous la direction des chercheuses Marie-José Durand et Chantal Sylvain, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.
En plus d’avoir obtenu le prix Acfas IRSST – maîtrise 2018 – Santé et sécurité du travail, Astrid Velasquez-Sanchez détient également une bourse de la Fondation J. Armand Bombardier et Pratt & Whitney Canada de la Chaire de recherche en réadaptation du travail. Elle détient aussi une bourse de l’IRSST pour le concours 2018-2019.
Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur le programme de bourses d’études supérieures de l’IRSST :