Un employeur meurt d’une blessure à la tête

Par Geneviève Chartier

22 novembre 2022

Illustration de la scène de l'accident

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

En juillet 2021, des travailleurs sur un chantier de construction s’affairent à déposer un bâtiment sur des pieux servant de fondation. Lorsque des pièces d’appui cèdent, un coin du bâtiment s’affaisse jusqu’au sol, projetant des composantes du système de levage en direction d’un employeur. Frappé à la tête par l’une de ses composantes, l’employeur décède malheureusement des suites de cet accident.

Que s’est-il passé?

Lors de l’accident, le bâtiment, qui avait été préalablement soulevé, reposait sur quatre tours de caissons en pièces de bois. Le retrait des composantes des tours de caissons se faisait successivement de haut en bas, deux étages de pièces de bois à la fois. Pour cela, quatre vérins hydrauliques, positionnés à l’intérieur des tours de caissons, étaient utilisés. Chacun des vérins reposait sur deux pièces d’appui insérées à l’intérieur de la tour de caissons et supportées par celle-ci à ses extrémités. Les travailleurs se tenaient debout à chacune des tours de caissons afin de retirer les étages de bois au moment opportun.

L’employeur accidenté se trouvait près de la tour de caissons nord-ouest et attendait que le soulèvement du bâtiment soit suffisant pour permettre le retrait des pièces de bois. Soudain, les deux pièces d’appui du vérin situées dans la tour de caissons nord-est ont cédé, ce qui a entraîné la chute du coin nord-est du bâtiment, puis son affaissement sur le sol. Des composantes du système de levage du coin nord-ouest ont alors été projetées en direction de l’employeur, qui a été frappé à la tête par l’une de ces composantes. Il est finalement décédé des suites de ses blessures.

Qu’aurait-il fallu faire?

Dans un premier temps, il aurait fallu faire appel à un ingénieur ou à une ingénieure avant d’effectuer les travaux. En effet, selon l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), la conception d’un système de levage et les calculs effectués en vue du levage d’un bâtiment sont des activités réservées aux ingénieurs. Dans ce cas, il a été déterminé que la méthode préconisée pour soulever et descendre le bâtiment était improvisée, notamment parce que les charges à soulever et la capacité du système de levage étaient inconnues. Selon l’expertise, sept tours de caissons auraient dû être utilisées pour le système de levage de ce bâtiment. La septième tour de caissons aurait dû se trouver sous la rallonge latérale. Cela aurait permis de contrôler simultanément et uniformément le levage par le système de vérins et, ainsi, d’éviter l’accident.

Les obligations de l’employeur

  • S’assurer que l’organisation du travail et les méthodes et techniques utilisées pour l’accomplir sont sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé du travailleur
  • Utiliser les méthodes et techniques visant à identifier, contrôler et éliminer les risques pouvant affecter la santé et la sécurité du travailleur

Une précision importante

Les travaux de soulèvement et de déplacement de maisons doivent être réalisés suivant l’avis d’une ingénieure ou d’un ingénieur puisqu’il s’agit d’activités qui lui sont réservées.

Ensuite, l’enquête a pu révéler qu’aucun programme de prévention spécifique au chantier n’avait été élaboré par le maître d’œuvre. De même, aucun des travailleurs présents sur le chantier le jour de l’accident n’avait suivi le cours Santé et sécurité générale sur les chantiers de construction, ce qui est contraire à l’article 2.4.2 (i) du Code de sécurité pour les travaux de construction. La formation des travailleurs se résumait aux directives verbales données par les employeurs et le maître d’œuvre avant d’effectuer une tâche. Finalement, aucun des travailleurs présents sur le chantier ne portait de casque de sécurité. Pourtant, La Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) spécifie à l’article 51.3 qu’un employeur a l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail et les méthodes et techniques utilisées pour l’accomplir sont sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé du travailleur.

Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST

Enquête réalisée par : Geneviève Cadotte et Martin Bergeron, inspecteurs à la CNESST

Pour en savoir plus :

Télécharger le rapport d’enquête

Pour accéder à la simulation de l’accident :

Télécharger l’animation 3D

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