L’Escouade prévention
Un impact positif en milieu de travail
Par Paul Therrien
5 avril 2022
La pandémie de COVID-19 a forcé l’arrêt d’un grand nombre de projets. Ce fut le cas de l’Escouade prévention, un programme de la CNESST qui existe depuis près de vingt ans. L’année 2022 marque son grand retour et celui de sa mission de toujours, soit la sensibilisation à la santé et à la sécurité au travail (SST). Comment se prépare la prochaine saison d’interventions de ses jeunes agentes et agents sur le terrain? Nous avons discuté avec Miriam-Léa Laribi-Vézina, Conseillère en concertation à la CNESST, pour en savoir plus.
L’Escouade prévention, c’est une équipe formée de jeunes agentes et agents de sensibilisation qui offre des ateliers de 45 minutes en milieu de travail sur la prise en charge de la SST aux employeurs et aux travailleuses et travailleurs. L’objectif? Stimuler les discussions sur la SST. Auparavant, ce programme s’appelait « Escouade jeunesse ». Lors de sa création, son slogan était : « Des jeunes qui parlent aux jeunes ». Cet été, l’escouade abordera un nouveau chapitre, avec un nouveau nom. « L’Escouade prévention, ça reflète mieux la nature du programme », explique Miriam-Léa Laribi-Vézina. Auparavant, ce programme était destiné en particulier aux jeunes, car ceux-ci étaient jugés plus à risque d’être victime d’un accident de travail. Il s’agissait donc d’une clientèle prioritaire qu’on voulait sensibiliser et informer sur leurs droits et obligations. « Mais avec le temps, on a réalisé que ce risque n’est pas accru en raison de leur âge, mais qu’il est plutôt dû au facteur de nouveauté. Avec la mobilité en emploi, il y a de nouvelles tâches à maîtriser, et c’est cet élément qui met le plus à risque de subir un accident », précise la conseillère en concertation. Il y a donc eu un élargissement de l’offre de service pour toutes les nouvelles travailleuses et tous les nouveaux travailleurs dans les secteurs qui sont jugés les plus à risque, c’est-à-dire la fabrication, le commerce et la santé et les services sociaux.
Discussions estivales
En prévision des sorties de l’Escouade prévention cet été, la CNESST procèdera ce printemps à l’embauche d’étudiantes et d’étudiants universitaires qui proviennent en général de programmes de formation liés au monde du travail: ressources humaines, relations industrielles, droit, communication, etc. Une formation de quelques semaines sera donnée à ces universitaires pour leur permettre d’animer les discussions sur la SST entre travailleurs et employeurs. « Notre objectif est d’amener les travailleuses et travailleurs à collaborer pour favoriser la prise en charge de la SST par les milieux de travail », dit Mme Laribi-Vézina. Mais avant d’arriver sur les lieux, une préparation rigoureuse est effectuée par les agentes et les agents. Celle-ci se fait par téléphone avec un représentant de l’employeur pour déterminer ses besoins, les risques identifiés et qui sont susceptibles de causer des accidents ainsi que les types de tâches qui sont effectués par les nouvelles personnes en emploi. Ainsi, la formule de l’Escouade est adaptée à la réalité des entreprises. « L’été, nous avons une flexibilité pour rejoindre plusieurs groupes sur différents horaires de travail. On peut même se rendre sur les lieux la fin de semaine », dit celle qui a déjà été une agente de l’Escouade jeunesse.
Sur invitation seulement
Bien sûr, les milieux de travail ne sont pas obligés de recevoir des agents de l’Escouade prévention; il s’agit d’une activité gratuite et volontaire. De plus, les services de l’Escouade sont offerts dans toutes les régions du Québec. Il faut savoir qu’une intervention de l’Escouade prévention peut se faire de deux façons : à la demande de l’employeur ou suite à la sollicitation d’une personne qui représente la CNESST. « Comme on a une belle réputation depuis vingt ans, il y a des employeurs qui se tournent vers nous pour demander nos services. Mais dans la grande majorité des cas, ce sont nos agents qui font la sollicitation auprès des entreprises d’un secteur ciblé, dans une région en particulier », explique Miriam-Léa Laribi-Vézina.
Des changements concrets
En 2019 a eu lieu le plus récent déploiement d’agentes et agents sur le terrain. Cette année-là, il y a eu une évaluation complète du programme pour mesurer les impacts à court et à moyen terme du passage de l’escouade. « On a vu que certains milieux de travail commençaient, après le passage de nos agentes et de nos agents, à mettre en place de nouveaux moyens de communication avec leur personnel. De plus certains employeurs nous ont dit que des travailleuses et des travailleurs étaient allés les voir après avoir identifié des risques. Ainsi, on peut dire que les travailleuses et les travailleurs étaient davantage portés à proposer des solutions », indique la conseillère. En 2020 et 2021, les activités sur le terrain ont été annulées à cause des restrictions sanitaires liées à la pandémie, mais il y avait tout de même des conseillères et des conseillers en prévention qui offraient leur soutien aux employeurs qui le désiraient. « Dans le futur, on voudrait aussi élargir la clientèle pour nos ateliers. Il pourrait par exemple être souhaitable de joindre les personnes récemment immigrées, car elles présentent des risques et des vulnérabilités qui les exposent aux accidents de travail. C’est d’ailleurs une clientèle prioritaire pour la CNESST », termine la conseillère.