Un travailleur meurt écrasé lors du renversement de deux chariots élévateurs

Par Geneviève Chartier

25 janvier 2022

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

En septembre 2020, à Saint-Eustache, deux chariots élévateurs utilisés pour le déchargement des châssis de remorque d’un camion de livraison se renversent, écrasant un cariste qui décédera malheureusement des suites de ses blessures. Comment cela a-t-il pu se produire? Comment cet événement tragique aurait-il pu être évité?

Que s’est-il passé?

L’entreprise où travaillait l’employé décédé se spécialise dans la vente et la réparation de véhicules récréatifs et possède quatre établissements, dont un à Saint-Eustache. Le jour de l’accident, 18 remorques pour embarcations nautiques se trouvent sur la semi-remorque à plateau d’un camion dans la cour de l’établissement. Les remorques sont livrées en pièces détachées, et leurs châssis sont disposés en deux piles de neuf unités, placées sur des blocs sur le plancher de la semi-remorque.

Afin de décharger les châssis, les travailleurs disposent de deux chariots élévateurs.

Le poids de la pile dépasse la capacité de charge des chariots élévateurs et la présence des accessoires (essieux et glissières) entre les châssis ne permet pas l’insertion des rallonges de fourches des chariots élévateurs entre ceux-ci. Le déchargement des six châssis du dessus des piles s’effectue en levant trois châssis à la fois, et ce, en les suspendant aux fourches des deux chariots élévateurs. Le levage et le déplacement de la charge ainsi suspendue s’effectuent donc en tandem.

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Deux travailleurs sont désignés pour conduire les chariots élévateurs, et deux autres sont chargés d’installer les accessoires de levage. Le déchargement des remorques de la première pile se passe comme prévu. Les travailleurs s’affairent ensuite à installer l’équipement requis afin de lever les châssis de la deuxième pile. Lors des manoeuvres de déplacement des châssis situés en hauteur, les conducteurs des chariots élévateurs reculent d’abord en ligne droite. Ensuite, puisque le bâtiment derrière eux limite l’espace de recul, l’un des travailleurs effectue un virage vers la gauche. À ce moment, ses collègues constatent que les roues gauches de son chariot élévateur se soulèvent et que le chariot penche vers la droite. Ils tentent de le prévenir en criant. Au même moment, le conducteur de l’autre chariot constate aussi que sa roue avant gauche se soulève du sol et il baisse immédiatement les fourches pour tenter de remettre le chariot en équilibre. L’instant d’après, les deux chariots se renversent latéralement vers la droite. Le premier conducteur se précipite alors hors de sa cabine, ce qui le place malencontreusement dans la trajectoire de renversement de l’autre chariot élévateur, conduit par son collègue. Le conducteur est alors écrasé par ce chariot. Son décès est constaté à son arrivée à l’hôpital.

Qu’aurait-il fallu faire?

Tout d’abord, l’employeur n’avait pas élaboré ni mis en application de programme de prévention pour l’établissement dont il est ici question. Malgré l’obligation d’informer adéquatement le travailleur sur les risques reliés à son travail et de lui assurer la formation appropriée, les directeurs n’ont pas supervisé les manœuvres ni géré les questions reliées à la SST, ce qui comprend l’encadrement du personnel qualifié sur l’utilisation des chariots élévateurs. De même, l’entreprise ne possédait pas de mécanisme formel de participation des travailleurs en SST, comme un comité de santé et de sécurité du travail (CSS), et il n’y avait pas non plus de représentant à la prévention, ce qui aurait permis aux travailleurs et aux représentants de l’employeur d’identifier cette situation à risque plus tôt.

Cette absence de gestion de la santé et de la sécurité dans l’établissement a mené à l’improvisation d’une méthode dangereuse de déchargement des châssis. Plusieurs facteurs peuvent affecter la stabilité d’un chariot élévateur. Par exemple, une charge suspendue peut modifier les forces dynamiques sur le chariot élévateur et le rendre moins stable comparativement à une charge placée sur les fourches. Enfin, l’utilisation de deux chariots élévateurs liés par une charge suspendue fait en sorte que l’instabilité d’un chariot est transmise à l’autre.

De plus, il a été déterminé que l’absence d’utilisation d’un système de retenue du cariste, comme cela est exigé par l’article 256.1 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail, constitue l’une des causes de l’accident. En effet, l’expertise a confirmé que la ceinture de sécurité du chariot élévateur était difficilement utilisable en raison d’un entretien déficient. Le cariste s’est donc retrouvé libre de ses mouvements dans la cabine, ce qui explique que, cédant à la panique, il s’est précipité hors de celle-ci dans le sens inverse du renversement.

Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST

Enquête réalisée par : Geneviève Girard, M. Ing., et Stéphany Beaudry, B. Sc., inspectrices à la CNESST

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

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