Anne Bontour : une expérience unique dans le milieu minier

Diplômée du Cégep de Sept-Îles en technologie minérale, Anne Bontour, qui est d’origine française, a été technicienne en géotechnique avant de s’inscrire en génie géologique à l’université, où elle étudie actuellement. Cette grande passionnée des mines a travaillé à la mine Canadian Malartic, située à Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Nous nous sommes entretenus avec elle afin d’en savoir plus sur son parcours et sur son expérience en tant que femme dans un milieu à prédominance masculine.
Mme Bontour, quel est votre parcours scolaire ?
En 2017, j’ai commencé le cégep en technologie minérale, à Sept-Îles. J’étais venue au Québec afin de poursuivre mes études et d’en apprendre davantage sur le vaste domaine des mines. En classe, j’entendais notamment parler des diverses mines québécoises et de leur fonctionnement. Après l’obtention de mon DEC, j’ai travaillé pour une firme de génie-conseil, dans le département de l’environnement, plus précisément dans le traitement des sols et des eaux.
Pourquoi avez-vous décidé de venir étudier à Sept-Îles ?
Ç’a vraiment été un concours de circonstances! Quand j’avais 17 ans, j’ai passé mon baccalauréat français – l’équivalent du DEC au Québec – en sciences, et je ne savais pas exactement dans quel milieu je désirais travailler. Cependant, la chimie suscitait de l’intérêt chez moi, donc je me suis rendue à un salon des métiers en France.
Il y avait beaucoup d’attente au kiosque de l’école qui m’intéressait, et juste en face, il y avait celui du Cégep de Sept-Îles. J’y suis donc allée et j’ai pu découvrir ce que le Québec avait à offrir dans le monde des mines ; j’ai eu un coup de foudre! Finalement, je n’ai visité aucun autre kiosque du salon!
Quelles furent vos premières expériences dans le milieu minier ?
Mon expérience en génie-conseil m’a amenée à travailler à la mine de Mont-Wright, à Fermont. Ma première vraie expérience dans les mines s’est déroulée là-bas. Ç’a été une aventure marquante pour moi, car c’était la première fois que je plongeais vraiment dans cet univers. En France, les exploitations se limitent aux carrières, et le contraste à Fermont était très impressionnant. Je me souviens de tous les camions gigantesques qui m’entouraient…
Ensuite, j’ai exploré divers milieux, puis je suis revenue dans le domaine minier, à la mine Canadian Malartic. J’avais beaucoup entendu parler de cette mine durant mes études, parce qu’elle est souvent citée en exemple. Ce fut une immense fierté pour moi d’avoir pu intégrer les équipes d’Agnico Eagle. Chaque jour était différent, il n’y avait pas vraiment de routine et c’est ce que j’aimais de mon travail. Je m’occupais principalement du volet terrain des projets géotechniques. Par exemple, je m’assurais du bon déroulement des travaux de soutènement. J’utilisais également plusieurs instruments qui nous servaient à suivre la stabilité de la fosse ou l’avancement des travaux miniers. En fait, j’ai touché à plein de facettes du milieu géotechnique.
À l’origine, d’où vient votre passion pour le milieu minier ?
Je viens d’Auvergne, une région française où il y a beaucoup de volcans. Depuis que je suis née, je baigne dans le monde de la géologie. Ça m’a toujours passionnée! Au départ, je n’avais pas de connaissances en géologie, mais j’étais fascinée par les volcans qui m’entouraient. Petit à petit, je me suis mise à comprendre comment ils se sont formés. Après plusieurs années, j’ai pu découvrir les sciences de la terre et comprendre ces phénomènes qui me passionnaient depuis l’enfance.
Votre intérêt pour les mines a-t-il évolué ?
Il y a une grande différence entre la petite Anne de sept ans, qui se promenait sur les volcans et qui se demandait comment ils fonctionnaient, et la femme dans la vingtaine d’aujourd’hui! Quand j’étais petite, je n’avais d’yeux que pour les volcans. Maintenant, tout ce qui touche à la géotechnique m’intéresse, plus particulièrement la capacité portante du sol, la géotechnie.
Qu’est-ce qui vous a manquée du milieu des mines d’ici ?
Il y a beaucoup de choses dans le milieu minier qui m’ont marquée, mais pour ne citer qu’une chose, je dirai l’envergure. Ici, tout est immense! Lors des premières visites minières que j’ai faites, j’ai vu la différence entre les petits concasseurs de cinquante centimètres que nous avions dans nos cours et les concasseurs titanesques dans les mines! Je me suis dit : « Ah oui! C’est ça, les mines du Québec, c’est démesuré! » J’étais vraiment impressionnée.
Comment avez-vous trouvé le fait d’être une femme qui évolue dans un milieu de travail à prédominance masculine ?
J’ai été très surprise par le nombre de femmes qui travaillaient à la mine Canadian Malartic ; il y en avait plus que je pensais. Là-bas, que tu sois un homme ou une femme, ça n’avait pas d’importance. J’ai toutefois fait face à ce « défi » quand je travaillais dans la construction, un milieu très masculin. Là, j’ai été plus souvent confrontée à ce « déséquilibre », surtout quand je devais recommander certaines procédures de travail à des hommes plus âgés que moi. Je suis cependant heureuse de voir que les mentalités changent et qu’elles tendent de plus en plus vers l’égalité.