Mine-école aux Îles-de-la-Madeleine : un grand succès
Par Karolane Landry
20 février 2025

Photo : Centre de formation professionnelle de Val-d’Or
Une première a eu lieu aux Îles! En septembre 2023, Mine Seleine a conclu un partenariat avec le Centre de formation professionnelle de Val-d’Or, du Centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois (CSSOB), pour l’implantation d’une mine-école menant à l’obtention d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) en de minerai afin de pratiquer le métier de mineure ou de mineur sous la terre. Le programme, qui en est déjà à sa deuxième cohorte, continue de grandir et d’attirer les gens qui manifestent une curiosité envers le milieu minier.
Les mines-écoles existent depuis de nombreuses années au Québec, principalement en Abitibi-Témiscamingue, où se trouve la majorité des mines souterraines en exploitation. Cependant, aux Îles-de-la-Madeleine, qui possèdent une seule mine (de sel), c’est une autre histoire. « Les contraintes liées à la main-d’œuvre sont encore plus prononcées ici qu’ailleurs dans la province, puisqu’on vit sur une île, affirme Michel Plasse, directeur général chez Windsor Salt. Moi, par exemple, je viens de l’Abitibi, de Rouyn-Noranda. C’est beaucoup plus facile de faire venir une travailleuse ou un travailleur de Val-d’Or lorsqu’on manque de main-d’œuvre. Aux Îles, il faut former nos gens. En développant ce projet de mine-école, on donne la chance aux Madeliniennes et Madelinots d’être formés adéquatement, selon nos besoins particuliers. »
Plonger dans la réalité d’une mine
À Mine Seleine, ce partenariat permet aux étudiantes et étudiants de vivre au quotidien dans la réalité d’une mine en exploitation. L’administration de la mine a trouvé un endroit sécuritaire, dans une section non exploitée de celle-ci, pour y donner les cours. « De plus, les instructeurs sont des gens qui ont des années de métier derrière eux, près de 40 ans pour la plupart, dit M. Plasse. Alors, ils sont complètement autonomes et ils sont bien formés en ce qui a trait à la santé et à la sécurité du travail (SST). »
Une salle de refuge fonctionnelle a aussi été aménagée pour la portion théorique des cours. Elle comprend tout le matériel nécessaire, comme des ordinateurs, des projecteurs, des télés. Les étudiantes et les étudiants y passent donc la première partie de leur DEP. En ce qui concerne la partie pratique du cours, qui arrive plus tard dans le parcours, elle est réalisée directement dans la mine souterraine, à environ 200 mètres de la salle de refuge. Les futurs mineurs sont jumelés avec les équipes de la mine et effectuent alors du « travail-études ». Ils s’exécutent sur un jumbo (foreuse à flèche) et d’autres types d’équipement pour approfondir leurs connaissances et mettre en pratique les notions apprises. « On essaie de les intégrer le plus possible dans le milieu de la mine, explique M. Plasse. Ils assistent aux réunions de début de quart, lors desquelles on discute des travaux de la journée et des enjeux liés à la SST. C’est important qu’ils soient impliqués. L’une des raisons pour lesquelles on a créé ce DEP, c’est pour que la relève travaille de façon sécuritaire », spécifie M. Plasse.
Les premiers pas vers la SST
Le DEP, d’une durée de six mois, consiste à apprendre le métier de mineur. « Ce n’est plus juste quelqu’un qui frappe sur une roche avec une pioche!, ironise M. Plasse. Ça, c’était il y a 200 ans. Maintenant, les travailleuses et travailleurs doivent être capables d’utiliser des équipements sophistiqués, comme des jumbos, des foreuses verticales, des chargeuses navettes et des logiciels. Ces personnes doivent donc avoir une formation beaucoup plus poussée. » Pour cela, ce programme couvre 16 compétences dans lesquelles les modules de formation au travail minier sont intégrés. « Le volet santé et sécurité est l’une des compétences sur laquelle nous mettons le plus l’accent », précise Martin Richard, coordonnateur du Centre national des mine de Val-d’Or. Écaillage, travail en hauteur, consolidation de terrain, déblaiement, chargement d’une volée, patron d’une volée avant son dynamitage, installation de services (eau, air, ventilation), etc., tous les secteurs de l’exploitation minière y sont enseignés. « Une mine, c’est un environnement différent d’un chantier de construction. Les deux ont leurs particularités en lien avec la SST, explique M. Plasse. Dans une mine, il est impératif de s’assurer que la ventilation est adéquate, que l’écaillage est fait de manière appropriée et sécuritaire et que les équipements et les outils sont en bon état. On montre aussi aux étudiants et étudiantes à utiliser une carte de travail. Quand ils entreront sur le marché du travail, ils seront capables de se servir de cet outil. »
Ainsi, au terme de leur formation, les diplômés et diplômées comprennent tous les concepts majeurs liés au travail dans une mine. « Lorsqu’ils entrent en fonction, ils connaissent toutes les étapes d’un poste de travail, affirme M. Plasse. Ils ont quand même besoin de formation spécifique au compagnonnage, mais puisqu’ils ont déjà travaillé avec des outils de la mine, comme une chargeuse navette, ils sont fonctionnels très rapidement et ils connaissent les précautions à prendre. À l’inverse, une personne qui n’a pas obtenu un DEP en extraction de minerai et qui n’est pas familière avec l’environnement minier devra d’abord se faire expliquer tous les enjeux liés à la SST. Le processus sera donc plus long avant que la travailleuse ou le travailleur soit fonctionnel. »
Un DEP conçu pour les gens des îles
Le programme de formation est ouvert à tous et à toutes, mais plus précisément aux personnes majeures des Îles-de-la-Madeleine, qui respectent les critères d’inscription de la CSSOB et qui sont admissibles à l’obtention d’un permis général d’explosif. En effet, au Québec, pour travailler dans une mine souterraine, il faut avoir au moins 18 ans. « Nous aimerions aussi aller chercher de la diversité, mentionne M. Plasse. Maintenant, le travail dans les mines n’est plus aussi physique qu’auparavant. Il n’y a donc pas de contrainte physique ou d’âge. Une personne de 30 ou 40 ans peut commencer dans le métier. Avant, la main-d’œuvre devait être très jeune et en pleine forme. Les nouvelles technologies ont changé la donne. » Pour promouvoir le programme, des bourses de 3 000 $ sont offertes aux participants et participantes. Elles sont remises en plusieurs versements, au cours de la formation. « Nous voulons favoriser les gens des Îles pour le moment, pour développer l’expertise sur place d’abord », ajoute M. Plasse. Le programme est en constant développement. L’objectif est de former des mineurs de façon continue. « On veut que ça devienne une véritable avenue pour les gens des Îles-de-la-Madeleine. On est très contents, ça fonctionne bien et on veut continuer longtemps », ajoute Michel Plasse.
« En développant ce projet de mine-école, on donne la chance aux Madeliniennes et Madelinots d’être formés adéquatement, selon nos besoins particuliers. »
– Michel Plasse