Bâtir un plan d’action pour la santé psychologique

Une priorité au travail

Par Gabrielle Fallu

5 septembre 2023

Photo : Shutterstock

Lors du Grand Rendez-vous de la CNESST de l’automne 2022, les conférencières Radia Balafrej et Josianne Brouillard, conseillères en santé et sécurité du travail à l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS), ont mis de l’avant divers enjeux concernant la santé psychologique en entreprise. Elles ont proposé des solutions concrètes pour réduire les risques psychosociaux afin d’assurer le bien-être des travailleuses et des travailleurs, peu importe leur domaine d’activité. Voici ce qu’elles avaient à dire.

Lors de la conférence intitulée Considérer la santé psychologique pour agir sur le bien-être collectif et individuel au sein de l’organisation, Mmes Balafrej et Brouillard ont souligné que dans les milieux de travail, la santé physique est souvent priorisée par rapport à la santé psychologique. En effet, elles affirment que, bien qu’il soit normal de s’intéresser à la sécurité physique, il faut aussi mettre en place des mesures de prévention pour que les travailleuses et les travailleurs soient bien dans leur milieu de travail et qu’ils soient contents d’y être.

Pour elles, l’absence de plan d’action en lien avec la santé psychologique est souvent une grande lacune dans les milieux de travail et elle doit être corrigée. « Bien que la santé physique soit importante, la santé mentale l’est tout autant pour avoir une équipe dynamique et motivée. Malheureusement, dans plusieurs équipes de gestion, aucun réel plan n’est mis en place pour s’assurer du bien-être psychologique des employés », affirme Mme Balafrej. Effectivement, afin d’établir un plan qui se base sur les travailleuses et travailleurs, les gestionnaires doivent s’assurer de respecter leurs trois besoins fondamentaux, expliquent Radia Balafrej et Josianne Brouillard.

Le premier besoin est la compétence. Cela veut dire qu’une travailleuse ou un travailleur doit se sentir apte à utiliser ses compétences dans le cadre de son travail. Le second besoin est l’autonomie. En effet, une travailleuse ou un travailleur doit être capable d’organiser son travail de façon à être productif. La personne doit également connaître les options qui s’offrent à elle afin de grandir et de progresser au sein de l’entreprise. Le troisième besoin est l’affiliation : cela veut dire qu’une travailleuse ou un travailleur doit être en mesure de former des liens avec ses collègues et de se sentir inclus dans son milieu de travail. Lorsque ces trois besoins sont comblés, la travailleuse ou le travailleur se trouve dans des conditions favorables au maintien de sa santé psychologique; c’est pourquoi il est essentiel de les prendre en compte lors de la conception d’un plan d’action à ce sujet.

La reconnaissance au centre des priorités

Selon Radia Balafrej et Josianne Brouillard, la reconnaissance au travail est un outil efficace pour que les travailleuses et les travailleurs sentent que leurs efforts sont appréciés. Elles expliquent d’ailleurs que des éléments en lien avec la reconnaissance devraient également se retrouver dans un plan d’action sur la santé psychologique. Les conférencières précisent toutefois qu’il y a des critères à respecter afin que les travailleuses et les travailleurs perçoivent positivement les actions de reconnaissance.

Parmi ces critères, on compte le temps écoulé entre le bon coup effectué par une travailleuse ou un travailleur et la reconnaissance de celui-ci par un gestionnaire. « Il faut agir rapidement après qu’une personne a fait un travail remarquable afin de lui démontrer qu’on est sincère dans notre approche », explique Mme Brouillard avant d’ajouter que la reconnaissance doit viser la communication efficace des réussites des travailleuses et des travailleurs. Pour cela, les conférencières recommandent de mettre en place une démarche chapeautée par un comité chargé d’interroger les employés pour en savoir plus sur ce qu’ils désirent. Elles proposent également de mettre des outils à la disposition du personnel afin de faciliter son travail.

D’autres conseils des expertes pour favoriser une bonne santé psychologique au travail

  • Prendre le temps d’aller dehors et de marcher
  • Prioriser son sommeil
  • Aller vers les autres et socialiser

Des astuces pour favoriser un environnement de travail sain

  • Discuter de sa charge de travail
  • Organiser son travail
  • S’entraider

Prendre en compte les risques psychosociaux

Les risques psychosociaux se rapportent à la vie humaine dans la vie sociale et sont liés notamment à l’organisation, aux relations, aux conditions de travail et à l’environnement de travail. Ils peuvent découler du harcèlement, de la violence physique ou psychologique (y compris la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel) ou de l’exposition à des événements traumatiques.

Des facteurs de risque comme la charge de travail élevée, la faible reconnaissance, l’absence d’autonomie décisionnelle, l’absence de soutien des collègues et/ou du supérieur et l’absence de justice organisationnelle ont également des effets négatifs sur la santé physique et psychique des travailleurs. Selon les conférencières, les risques psychosociaux affectent à la fois les gestionnaires, la haute direction et les travailleuses et travailleurs. « C’est pourquoi tout le monde doit se rallier pour les réduire », dit Mme Balafrej.

Ainsi, lorsqu’on met sur pied un plan d’action pour la santé psychologique, il est essentiel, selon les conférencières, de prendre en considération les risques psychosociaux liés au travail et de tenter de les réduire. Pour cela, l’équipe de gestion peut, notamment, créer des groupes de discussion et organiser des rencontres informelles avec les travailleuses et les travailleurs afin de comprendre les enjeux auxquels ils font face, terminent les deux expertes.

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