Un travailleur est électrocuté lors de travaux d’installation de gouttières

En octobre 2023, deux travailleurs installent des gouttières et des descentes pluviales sur les toits des galeries d’un immeuble résidentiel. Lorsque l’un d’eux tente de transférer une gouttière à son collègue sur le toit, cette dernière court-circuite une ligne électrique sous tension. Le travailleur qui se trouve sur l’échelle subit alors une décharge électrique de 14,4 kV et est électrocuté.

Que s’est-il passé?

Le jour de l’accident, les deux travailleurs se sont d’abord affairés à prendre les dimensions de l’immeuble où avaient lieu les travaux afin de déterminer la longueur des gouttières et des descentes pluviales à couper. Il s’agissait ensuite de couper ces éléments selon les dimensions prises, de les acheminer sur la toiture, de les installer et de les fixer à l’aide de vis.

Après avoir pris toutes les mesures nécessaires et avoir coupé les gouttières, l’un des travailleurs se rend sur le toit par une trappe d’accès. Son collègue lui donne les gouttières en montant sur une échelle de 9,75 mètres qui est appuyée au sol, sur la façade de l’immeuble. Le travailleur en hauteur prend les gouttières et les dépose sur le toit. C’est alors que la corde qui permet de coulisser l’échelle cède et ne permet plus sa bonne utilisation. Le travailleur sur l’échelle la remplace par une échelle plus courte, de 8,5 mètres. Cette échelle ne permet toutefois pas au travailleur d’atteindre complètement le toit de la galerie. Il décide donc de placer l’échelle sur le mur à droite de l’immeuble.

Lorsqu’il grimpe de nouveau sur l’échelle, le travailleur se situe à une hauteur de 6,7 mètres du sol. Une ligne électrique de 14,4 kV se trouve à 10,2 mètres de l’échelle. Lorsque le travailleur transfère la dernière gouttière à son collègue sur le toit, il lui fait remarquer la présence de lignes électriques (de basse et de moyenne tension) qui longent la façade de l’immeuble et lui dit de faire attention à ne pas toucher les fils avec la gouttière. Le travailleur sur le toit prend une gouttière de 12,19 mètres et tente de la tenir en équilibre, en la dirigeant de plus en plus vers les lignes électriques. Une bonne partie de la gouttière se retrouve donc entre ces lignes, et son autre extrémité touche l’échelle. À ce moment, l’extrémité de la gouttière située entre les deux lignes électriques court-circuite la ligne de moyenne tension de 14,4 kV, ce qui crée un lien électrique entre la gouttière, l’échelle et le sol. Le travailleur qui se trouve dans l’échelle subit une décharge électrique mortelle et tombe au sol. Le travailleur sur le toit descend par la trappe d’accès pour porter secours à son collègue et appeler une ambulance, mais en vain. Le décès du travailleur est constaté à l’hôpital.

Qu’aurait-il fallu faire?

Deux causes principales ont été retenues pour expliquer cet accident. La première est que la gouttière a créé un court-circuit entre la ligne électrique de 14,4 kV, l’échelle en aluminium sur laquelle se trouvait le travailleur et le sol. Le fait que le travailleur sur le toit se trouvait à 4,4 mètres de la ligne électrique de moyenne tension, qu’une partie de la gouttière se trouvait entre les lignes de basse et de moyenne tension et que l’une de ses extrémités touchait l’échelle ne respectait pas la réglementation. De cette façon, la gouttière s’est retrouvée à l’intérieur de la distance d’approche minimale exigée par le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC) pour les lignes dont la tension est inférieure à 125 kV, soit 3 mètres. Comme l’électricité prend le chemin le plus rapide et offrant le moins de résistance pour retourner à la terre, lorsqu’il y a eu court-circuit, le courant électrique s’est dirigé vers l’échelle en aluminium sur laquelle se trouvait le travailleur. En d’autres mots, c’est la gouttière qui a servi de conducteur entre la ligne électrique de 14,4 kV, l’échelle et le travailleur électrocuté.

La deuxième cause de l’accident est une gestion déficiente des travaux effectués à proximité d’une ligne électrique de 14,4 kV. Au début des travaux, les deux collègues montaient les gouttières à l’avant de l’immeuble sans problèmes particuliers, car il n’y avait pas d’obstacles qui entravaient leurs mouvements. C’est lorsque l’échelle de 9,75 mètres a brisé et que le travailleur l’a remplacée par une échelle plus courte que la situation est devenue problématique. En effet, la dernière gouttière à transférer au travailleur sur le toit était la plus longue. Pour ne pas l’endommager, le travailleur l’a déplacée en diagonale vers son collègue et vers les lignes électriques. Dans le cas présent, l’employeur n’a pas mis en place les méthodes et les techniques visant à identifier, à contrôler et à éliminer les risques électriques pouvant affecter la santé et la sécurité des travailleurs. En effet, il n’y a pas eu d’identification des risques avant le début des travaux et aucune méthode de travail sécuritaire n’a été établie. De plus, l’employeur n’avait pas informé adéquatement le travailleur qui se trouvait sur le toit des risques liés à son travail ni assuré une formation et une supervision appropriée afin qu’il ait les compétences requises pour accomplir ses tâches de façon sécuritaire. Les travailleurs auraient par ailleurs dû remplir le rapport d’inspection des lignes électriques fourni par l’employeur, comme décrit dans son programme de prévention, avant le début des travaux, mais ils n’avaient pas accès à ce document.

Finalement, il est à noter que la ligne électrique aurait pu être protégée ou mise hors tension pendant les travaux. Il s’agit là d’une méthode de travail sécuritaire qui aurait pu éliminer la possibilité que la gouttière court-circuite la ligne électrique et serve de conducteur.