Un travailleur perd la vie lors d’une chute
Par Gabrielle Fallu
25 avril 2023
Illustration : Jean-Philippe Marcotte
En avril 2021, un travailleur installait des madriers sur les parapets qui ceinturaient un des bassins de la toiture d’un bâtiment. À la suite d’une mauvaise manœuvre, le travailleur a fait une chute de 15,24 mètres à partir du toit du bâtiment. Cette chute libre lui a malheureusement coûté la vie.
Que s’est-il passé?
L’entreprise avait le contrat de refaire l’ensemble des parapets des différents bassins de la toiture. Le jour de l’accident, les travailleurs poursuivaient les travaux amorcés la veille, qui consistaient, entre autres, à installer des madriers sur les parapets. Un contremaître et deux travailleurs étaient affectés à ces travaux. Lorsque l’un des travailleurs se trouvait sur le toit de l’appenti mécanique de l’édifice, il a aperçu un morceau de bois qui semblait s’être détaché, à l’extérieur d’un parapet. Il a donc voulu fixer le morceau de bois à l’aide de sa cloueuse pneumatique. Pour cela, il a penché le haut de son corps au-dessus de la lisse supérieure (soit la barre horizontale du garde-corps). Il a par la suite allongé son bras afin d’atteindre le morceau de bois qu’il voulait clouer. Comme il était appuyé sur le garde-corps, un équipement conçu afin d’éviter les chutes, le travailleur se sentait alors en sécurité. Toutefois, la surface d’ancrage du parapet sur lequel le garde-corps était fixé n’offrait pas la résistance nécessaire afin de supporter le poids du travailleur; par conséquent, les vis retenant un des montants du garde-corps ont lâché et le garde-corps a cédé. Le travailleur a alors effectué une chute libre de 15,24 mètres. Les secours ont été appelés et son décès a été constaté.
Moyens de protection afin de prévenir les chutes de plus de trois mètres
- Plateforme élévatrice
- Garde-corps
- Filet
- Barre d’assurance horizontale
- Harnais et liaison antichute
Qu’aurait-il fallu faire?
Les accidents de travail liés aux chutes de plus de trois mètres sont fréquents et peuvent être évités par plusieurs mesures de prévention. D’abord, il est essentiel que l’employeur et les travailleuses et travailleurs fassent équipe afin d’identifier les risques liés aux tâches qu’ils effectuent. Cela permet de trouver des pistes de solutions efficaces afin de corriger ou de contrôler les risques dans les milieux de travail. De plus, la loi oblige les employeurs à appliquer les mesures de santé et de sécurité mises en place pour les chantiers; il est donc impératif que celles-ci soient respectées afin de protéger la santé, la sécurité et l’intégrité physique et psychique des travailleuses et des travailleurs.
Dans le cas de l’accident du travail qui nous préoccupe, le garde-corps n’était pas adéquatement installé. Les garde-corps servent à empêcher les chutes lorsqu’il n’est pas possible d’éliminer complètement le risque de chute (par exemple en travaillant au sol). Les garde-corps constituent donc une mesure de prévention et ces derniers doivent être installés conformément à la réglementation en vigueur. Ainsi, les garde-corps doivent offrir une résistance suffisante pour protéger les travailleuses et les travailleurs; dans le cas de cet accident, le garde-corps avait une résistance suffisante, mais pas sa surface d’ancrage. De plus, un harnais de sécurité relié à un système d’ancrage par une liaison antichute aurait dû être utilisé, puisque l’ensemble du bassin n’était pas ceinturé par des garde-corps. Mentionnons aussi que les travaux effectués sur les chantiers doivent avoir été planifiés efficacement afin que les travailleuses et les travailleurs soient protégés tout au long de ceux-ci. Ainsi, il n’est bien sûr pas recommandé de s’étirer par-dessus un garde-corps afin de saisir ou de réparer un objet. Une méthode de travail plus sécuritaire stipulant la façon de faire dans un tel cas aurait donc dû être établie en amont afin de réduire les risques de chute.
Finalement, rappelons que l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique et psychique de la travailleuse ou du travailleur. Il doit notamment s’assurer que l’organisation du travail et les méthodes et techniques utilisées sont sécuritaires et ne portent pas atteinte à la santé de la travailleuse ou du travailleur.
Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST.
Enquête réalisée par : Giancarlo E. Specogna et Marc Laurin, inspecteurs à la CNESST.