Un travailleur meurt d’un coup de chaleur

Par Gabrielle Fallu

18 juillet 2023

Un travailleur forestier court vers un collègue couché au sol en forêt

Illustration : Jean-Philippe Marcotte

En août 2021, alors que la température ambiante s’élevait à plus de 30 degrés Celsius, des travailleurs sur un chantier forestier s’affairaient à déboiser l’emprise d’une future ligne électrique sous un soleil de plomb. À la fin de sa journée de travail, un des travailleurs s’est écroulé en se rendant au véhicule de l’équipe. On constatera plus tard qu’il est malheureusement décédé d’un coup de chaleur.

Que s’est-il passé?

Le jour de l’accident, un travailleur occupant le poste d’abatteur manuel pour une entreprise de construction déboisait une partie de l’emprise d’une future ligne électrique ayant une tension de 735 kV. Il était alors accompagné de deux collègues et leurs tâches consistaient à couper, ébrancher et tronçonner les arbres se trouvant sur la surface qu’occupera la future ligne électrique à l’aide d’une scie à chaîne. Ils devaient également procéder au débardage manuel et au ramassage des branches préalablement coupées. Toutes ces tâches devaient être effectuées alors que la température était de plus de 30 degrés Celsius et que le soleil plombait. À la fin de sa journée de travail, le travailleur s’est dirigé vers le véhicule; il suivait alors ses collègues à une certaine distance. Après quelques minutes de marche, le travailleur a bifurqué à l’intérieur de la forêt et s’est évanoui. Lorsque ses deux collègues sont arrivés à leur véhicule, ils ont constaté l’absence du travailleur et ont alors rebroussé chemin. Un des travailleurs l’a finalement retrouvé face contre terre et inconscient. Les secours ont été appelés sur les lieux et le décès du travailleur a malheureusement été constaté au centre hospitalier le plus proche.

Pour éviter les malaises liés à la chaleur

  • Boire au moins un verre d’eau toutes les 20 minutes,

même si on a pas soif.

  • Porter des vêtements légers de couleur clair,

qui favorisent l’évaporation de la sueur.

  • Arrêter le travail

aux premiers symptômes d’un malaise.

  • Prendre des pauses

dans des endroits frais, ombragés ou climatisés. 

Qu’aurait-il fallu faire?

Tout d’abord, lorsque les travailleuses et les travailleurs effectuent des tâches demandant un effort physique alors que la température ambiante et le taux d’humidité sont élevés, il est particulièrement important d’identifier les risques liés aux contraintes thermiques afin de mettre de l’avant des mesures de prévention visant à éviter les coups de chaleur.  Pour cela, on peut consulter le document d’information intitulé Travailler à la chaleur… Attention! sur le site Web de la CNESST, ainsi que sa fiche complémentaire pour les employeurs ou l’utilitaire Température de l’air corrigé, de l’IRSST. On peut y lire, entre autres, que les travailleuses et travailleurs doivent prendre des pauses d’une durée appropriée selon leur charge de travail dans des endroits frais, ombragés ou climatisés afin que leur température corporelle diminue. De plus, le document propose d’effectuer un calcul simple afin de déterminer la température de l’air corrigée : il faut prendre la température à l’ombre et y ajouter ou y soustraire des degrés en fonction de l’humidité relative. Par exemple, si le niveau d’humidité est à 60 %, il faut ajouter cinq degrés Celsius à la température à l’ombre. Le document de la CNESST propose aussi d’effectuer la correction de température selon les vêtements portés par les travailleurs.

Dans le cas qui nous occupe, l’employeur et les travailleurs auraient donc dû calculer la température de l’air corrigée afin de s’hydrater en conséquence (le document contient des informations sur la quantité d’eau que les travailleuses et les travailleurs doivent consommer pour éviter la déshydratation). D’ailleurs, il est essentiel que l’employeur fournisse aux travailleuses et aux travailleurs de l’eau fraîche en quantité suffisante. Aussi, le document en question aurait dû être présent et accessible sur le lieu de travail afin que les travailleurs puissent en prendre connaissance et adapter leur comportement.

De plus, les travailleuses et les travailleurs ainsi que leurs superviseurs doivent savoir reconnaître les signes et les symptômes s’apparentant à des malaises dus à la chaleur afin d’être capables de les identifier et d’agir rapidement. L’épuisement par la chaleur peut se traduire, par exemple, par une peau pâle, des étourdissements, de la transpiration excessive et une fatigue inhabituelle. Aussi, le coup de chaleur peut provoquer des propos incohérents, une perte d’équilibre ou une perte de conscience et requiert une intervention médicale d’urgence.

Dans l’accident décrit ci-haut, la gestion de l’exposition des travailleurs aux contraintes thermiques était déficiente et cela a engendré une augmentation des risques. En effet, les abatteurs manuels ont dépassé les valeurs maximales d’exposition pour le travail qu’ils effectuaient. Leur employeur aurait dû aménager leurs tâches afin qu’ils effectuent un travail plus léger lorsque la température était élevée. Et comme c’est le cas dans tous les milieux de travail, l’employeur et les travailleurs doivent toujours faire équipe afin d’identifier et d’éliminer à la source ou de réduire les risques présents dans leur environnement.

Personne-ressource : Pierre Privé, coordonnateur aux enquêtes, Direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention à la CNESST

Enquête réalisée par : Karolyne Therrien et Carl Ouellet, inspecteurs à la CNESST

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